A trop vouloir charger la barque...
Sit in d’agriculteurs et de transporteurs, devant les municipalités, les sièges de gouvernorat et les recettes des finances; manifestations d’internes et de résidents en médecine devant l’ANC; énième grève des magistrats et des mouvements de protestation qui confinent à la jacquerie dans les régions de Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa: les villes tunisiennes ont retrouvé leur physionomie de la première quinzaine de janvier 2011.
Il fallait être naïf pour penser que le décuplement des redevances sur les véhicules ou la suppression de manière drastique de la compensation sur certains produits passerait inaperçue. Le gouvernement sortant n’avait peut-être pas le choix, mais fallait-il chercher à résoudre tous les problèmes en même temps, à la fois, le déficit budgétaire, le dédommagement des victimes de la répression, la réduction des subventions de la caisse de compensation…et la pénurie de spécialistes dans les hôpitaux de l’intérieur? A trop charger la barque, on finit par la couler.
Et puis un gouvernement sur le départ était-il habilité à engager des réformes aussi profondes? Pourquoi n’y avoir pas pensé un peu plus tôt et s’être contenté depuis deux ans de gérer les affaires courantes. A moins que cette boulimie de réformes ne cache une volonté délibérée de miner le terrain pour la prochaine équipe.
Hédi Bèhi