Un complot déjoué : à force de crier au loup...
A la veille de la célébration du troisième anniversaire de la révolution, Moncef Marzouki nous a annoncé dans son « message à la nation » et sur un ton triomphal « la fin du complot ». « Notre pays n’a pas connu de guerre civile grâce à la volonté de cohabitation des Tunisiens, à la discipline de la police et de l’armée et à la continuité des institutions de la présidence de la république et du gouvernement », a-t-il claironné, s’engageant « à ne remettre le pouvoir qu’à un président élu ».
Deux mois plus tôt, les Tunisiens avaient appris avec stupeur par la voix du président de la république qu’une tentative de coup d’Etat visant sa personne et les institutions avait été déjouée. « On avait prévu d’occuper l’Assemblée nationale constituante et les ministères régaliens. On a cherché à me sortir du palais de Carthage par des moyens non démocratiques. Il y a une force arabe qui est derrière les tentatives d’avortement du «printemps arabe».
Les faits remontent, selon le président provisoire au début de l’été. Sans doute pour ne pas gâcher nos vacances, il a attendu la fin de la saison estivale et même celle de l’été indien qui s’est prolongé jusqu’au mois de novembre, pour nous annoncer cet évènement gravissime, mais sans pourtant aiguiser la curiosité des médias, ni même celle de la classe politique.
Comment interpréter les propos présidentiels ? Faut-il les prendre au pied de la lettre et en conclure qu’il y a eu vraiment une tentative de coup d’Etat comme le bruit en avait couru ? Cherchait-il à provoquer l’union sacrée alors que le bateau fait eau de toutes parts, en interprétant les discours d'une partie de l'opposition sur la fin de la légitimité de l’ANC et la nécessité d’un changement à Carthage comme une tentative de coup d’Etat ? Car jusqu’à plus ample informé, aucun nom n’a été prononcé, aucun fait précis n’est venu corroborer les accusations de Marzouki et la justice n’en a jamais été saisie, alors qu’elle l’a été par un simple citoyen pour une autre affaire invraisemblable où il était question d’atteinte à la sûreté de l’Etat sur la foi de communications téléphoniques. En attendant ces précisions qui tardent à venir, on a tout lieu de penser que que ces propos relèvent de la complotite, cette maladie qui consiste à voir des complots partout. C'est un procédé dont on use parfois sous nos latitudes quand on veut à galvaniser les gens. Mais il faut se garder d'en abuser pour éviter l'effet-boomerang. Car à force de crier au loup...