Opinions - 20.01.2014

Le Ghannouchi nouveau est arrivé

C’est un Ghannouchi tout sucre, tout miel que les Tunisiens ont découvert dimanche soir dans l’émission de Samir El-Wafi «Pour ceux qui osent seulement» sur la chaîne «Attounoussia».

«Oui je me suis trompé, je l’assume et il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » a-t-il l’air de reconnaître. Il fait son mea culpa sans jamais se départir de son calme olympien. «Oui j’ai dit que Caid Essebsi était pire que les salafistes, mais le président de  Nida Tounes s’est révélé être un grand patriote et il a été pour nous un partenaire et peut-être un jour un allié».

«Oui, j’ai dit que les salafistes étaient nos enfants et qu’ils me rappelaient ma jeunesse, mais depuis qu’ils ont choisi la violence pour imposer  leurs vues, ils sont devenus des terroristes que nous combattons avec une extrême vigueur». «Oui j’ai refusé d’appeler la miséricorde divine sur l’âme de Bourguiba à son décès mais, le temps faisant son œuvre je prie Allah d’accueillir  dans son Vaste Paradis tous nos morts». C’est par une entourloupe qu’il a couvert toute cette mue.

«La politique ce n’est pas du sacré et les changements d’attitude sont dans l’ordre des choses». Mais le Président du mouvement Ennahdha semble regretter de s’être trop occupé de politique. « J’aurai aimé m’occuper plus des questions d’appel à la religion(Addawa)» a-t-il dit comme pour donner raison à ceux qui l’appellent à séparer les deux champs au sein de son parti. Parmi ses regrets celui de n’avoir pas lu plus de livres ou voyagé davantage, particulièrement là où il n’a jamais été, nommément la Chine et  l’Amérique Latine. Plus étrange encore pour un islamiste pur et dur c’est de ne pas avoir écouté plus de musique, regardé plus de films et être allé davantage au théâtre. Même ses sparring parteners que le présentateur a choisis pour lui livrer un combat qu’il croyait titanesque, il en a fait une bouchée en partageant leurs idées, tout simplement. «Oui les mosquées ne doivent pas  être instrumentalisées par aucun parti, Ennahadha en tête» a-t-il dit au Cheikh Férid Béji. «Oui la culture et les arts sont indispensables à la société et ils doivent avoir une place prépondérante dans les préoccupations des pouvoirs publics» a-t-il répliqué à Mekdad Séhili, Secrétaire général du syndicat des métiers de la musique venu le convertir à cette fin.

RBG

Plus encore, il a dit des choses que peu de gens oseraient les dire : « J’étais contre la dissolution du RCD car j’aurais aimé que nous nous mesurons à lui dans les urnes et le vaincre à plate couture » a-t-il dit tout haut.« Oui je ne représente pas le gouvernement et n’assume aucune fonction officielle », a-t-il répondu lorsqu’on lui a dit que des sources responsables égyptiennes ont dit qu’elles ne lui répondraient pas car il ne représentait pas la Tunisie, s’agissant de ses déclarations sur la disposition de notre pays à donner l’exil politique aux « frères musulmans » fuyant l’Egypte. « Je n’ai fait que dire un principe de droit, c’est tout »  s’est-il contenté de répondre. Le Ghannouchi taciturne, agressif est parti. C’est un Ghannouchi ouvert, démocrate et tolérant qui prend sa place. L’émission s’est terminée sur des embrassades. Ambiance.