Quand les élus d'Ennahdha font une «standing ovation» à la mémoire de Bourguiba
Dans les clameurs provoquées récemment par les développements sur la scène politique nationale, certains détails, très significatifs, sont passés inaperçus. On citera notamment, la «standing ovation» des élus de la Constituante, y compris ceux d’Ennahdha lorsque le président de l’assemblée a cité le nom de Bourguiba parmi «les bâtisseurs de la république» à l’issue de l’adoption de la constitution. Une scène surréaliste quand on se rappelle à quel point, Bourguiba a été diabolisé par le passé. Seuls Ali Larayedh et Rached Ghannouchi ne s’étaient pas levés et n’avaient pas applaudi. Il est vrai qu'ils avaient dû faire un gros effort en mettant en sourdine leur ressentiment contre l'ancien président de la république. Se joindre au concert de louanges dont Bourguiba fait aujourd'hui l'objet serait peut-être trop leur demander pour le moment.
On pourrait également évoquer l’hymne national que les militants d’Ennahdha ont appris par cœur à force de l’entendre et n'hésitent plus à l'entonner même dans les réunions organisées par leur parti ; le drapeau national omniprésent désormais dans les manifestations de ce mouvement, tout comme lors de cette séance historique du 26 janvier 2014. Tout se passe comme si les militants comme les cadres islamistes ont fini ces dernières années par prendre conscience de leur tunisianité, alors qu’au cours des années de braise, acculés à la clandestinité, ils s’étaient constitués en contre-société avec leurs propres rites, leurs drapeaux, leur hymne. Ennahdha est-elle en train de changer vraiment? Quelle est la part de sincérité et de tactique dans le nouveau comportement de ses adhérents? Bien malin qui le dira.
HB