Engagez-vous Messieurs les ministres !!!
Le gouvernement de M. Mehdi Jomaa qui vient de prendre ses fonctions est composé de ministres dont la plupart sont des diplômés des plus grandes écoles, et jouissent d’une renommée internationale , ce qui contraste avec l’équipe précédente. Une partie des objectifs de ce gouvernement a été assignée par la feuille de route. Trois axes de travail ont été définis: le problème sécuritaire, l’urgence économico-financière et la préparation des élections avec ses corollaires: assurer la neutralité de l’administration, contrôler l’action des prédicateurs et dissoudre les ligues de «protection de la révolution». C’est d’ailleurs ce que M. le chef du gouvernement s’est engagé à faire lors de son discours d’intronisation.
Un vent d’espoir s’est immédiatement fait sentir: le FMI a débloqué la tranche de 500 millions de dollars et d’autres financements sont attendus qui vont permettre de colmater les trous dans le budget de l’Etat en espérant que ces ressources aillent au profit de l’investissement et non à la consommation.
Tout ceci est de bon augure, mais cela ne changera pas la structure de l’économie tunisienne, ni le modèle de développement, et surtout ne résoudra en rien les problèmes qui sont à la base de la révolution du 14 janvier. Notre pays a besoin de réformes structurelles profondes, voie royale pour changer la configuration de notre économie, la rendre plus efficiente et lui impulser une plus grande plus-value.
Par son statut, sa formation, et sa composition, ce gouvernement semble apte à engager de telles réformes : des ministres non partisans et donc pleinement disponibles pour leurs fonctions, sans le stress d’une échéance électorale, soutenu par la plupart des partis politiques et adoubé par les organisations nationales ; syndicales et patronales. De plus, tout semble annoncer que la durée de vie du gouvernement de M. Mehdi Jomaa est au moins égale à celle de ses prédécesseurs. Dix mois ce n’est pas peu pour bien faire.
Il est à noter que les réformes structurelles sont souvent renvoyées aux calendes grecques par les gouvernements partisans trop soucieux de leurs images et tiraillés entre leurs promesses et leur future campagne électorales. Il serait donc dommage de faire appel à des compétences tunisiennes pour se contenter de résoudre des problèmes conjecturels et gérer le quotidien des ministères.
L’Enseignement Supérieur, par exemple, est en pleine déroute. Non seulement l’Université tunisienne est en chute libre dans les différents classements, mais certaines structures ne sont plus que des fabriques de chômeurs. M. Tawfik Jlassi qui est une sommité mondiale dans le domaine de la formation pourrait entamer une réflexion globale sur le devenir de l’Enseignement en Tunisie. M. Hakim Ben Hammouda, quant à lui, est capable de mener la réforme fiscale tant attendue. Qui mieux que M. Kamel Ben Naceur pour résoudre le problème minier et énergétique! Des solutions existent pour enrayer l’extension vertigineuse du commerce parallèle; Madame Najla Harrouch doit avoir le courage de passer à l’action. M. Mohamed Salah Ben Ammar, avec sa longue expérience, est en mesure de faire aboutir le dialogue sociétal de la santé publique et la liste n’est pas exhaustive.
Certains hommes politiques, notamment ceux qui ont «œuvré» au sein de l’équipe sortante ne souhaitent qu’une seule chose: que ce nouveau gouvernement ne fasse rien. Avec des motivations et des argumentaires différents, les déclarations de M. Imed Daimi, de Mme Samia Abbou et d’autres leaders de feu la troîka convergent dans ce sens.
Faute d’initiative et d’énergie pour concrétiser, sans tarder, la grande réforme et mettre le pays sur les rails et créer de meilleurs outils de travail qui profiteront aux futurs gouvernants, on risque d’avoir un gouvernement semblable à ses prédécesseurs embourbé dans la gestion du quotidien. Ne seront alors visibles que les actions du ministre des affaires religieuses qui est probablement le seul concerné par les prochaines élections, indirectement au moins !!!
Dr Riadh Mouakhar
Afek Tounes