Voyez avec Nidhal…
Mais quelles attributions précises seront dévolues à Nidhal Ouerfelli, 37 ans, le benjamin du gouvernement, nommé ministre auprès du chef du gouvernement, chargé de la coordination et du suivi des affaires économiques?
Pour faire face à la masse de travail qui s’abat sur La Kasbah, Ali Laarayedh avait fait appel à pas moins de quatre ministres: Noureddine Behiri, pour les questions politiques, Ridha Saïdi, assisté par Riadh Bettaieb, et Slim Besbès pour les questions économiques. La formule a fait ses preuves et voilà son successeur, Mehdi Jomaa, poursuivre son étroite collaboration avec Nidhal Ouerfelli en le chargeant de la coordination et du suivi.
Lorsque tous deux s’étaient retrouvés en mars dernier au ministère de l’Industrie, Jomaa en tant que ministre et Ouerfelli en tant que secrétaire d’Etat chargé des Energies et des Mines, ils ne se connaissaient pas du tout. Tous deux avaient laissé leurs familles en France pour rentrer au pays effectuer au plus une année de «service national». La méfiance des premiers jours, toujours légitime en pareils cas, a rapidement laissé la place à une confiance chaque jour davantage consolidée. Avec son secrétaire d’Etat, Jomaa a joué franc jeu, n’exigeant ni loyauté ni fidélité personnelles, mais une fructueuse et respectueuse collaboration.
Ingénieur civil d’Etat en utilisation et production de l’énergie et titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences économiques appliquées à l’énergie (université de Versailles), N.Ouerfelli a gagné ses galons en allant au charbon. Prenant le taureau par les cornes, il fallait s’atteler à la fois aux dossiers brûlants des phosphates et du Groupe chimique, de l’exploitation pétrolière et de la compensation énergétique. Du conceptuel, de l’opérationnel et beaucoup de social. A chaque jour suffit sa peine, et Nidhal se défonçait au travail, aux côtés de son ministre. La collaboration est totale.
Chargé de former son gouvernement, Mehdi Jomaa, n’appartenant à aucun parti, ne pouvait compter que sur lui-même pour tous les préparatifs nécessaires. S’il s’est chargé lui-même des contacts politiques et de recevoir plus de 300 personnes pouvant le rejoindre, il ne pouvait trouver plus proche que son secrétaire d’Etat et voisin de bureau pour lui confier des tâches d’appui. Sans rien lui promettre, surtout qu’au départ, aucun membre du gouvernement sortant ne pouvait rempiler. En total désintéressement donc et sans la moindre garantie, il plongera dans cette nouvelle mission personnelle. Jusqu’à devenir la cheville ouvrière de l’équipe rapprochée du futur chef du gouvernement. Du coup, chacun a pris l’habitude de dire aux autres quand il fallait prendre une décision: «Voyez avec Nidhal». Le statut est ainsi né.
Jusqu’à la dernière minute, il ne savait pas s’il faisait partie du nouveau cabinet et quel poste il occuperait. Lorsqu’un journaliste de passage au quartier général de l’équipe lui servira par courtoisie du «Monsieur le Ministre», il s’en excusera humblement en disant : «Je ne suis qu’un proche collaborateur de M. Jomaa». La confirmation n’a pas tardé, avec rang et fonctions précisés.