Caïed Essebsi :Je suis à l'origine de l'évolution du Mouvement Ennahdha
C'est devenu une lapalissade à force de le répéter. Hôte pour la deuxième ou troisième fois du talk show animé par Boubaker Ben Akacha et Mohamed Boughalleb sur Al Wataniya mardi soir, le président de Nidaa Tounès a confirmé mardi soir, ses talents de «debater».
Serein malgré les soubresauts qui secouent son parti, il a été tour à tour incisif et enjoué. Contrairement à ce qu’on s’y attendait, il s’est montré particulièrement virulent à propos d’Ennahdha. Prié de commenter les accusations des deux gouvernements de la Troika, selon lesquelles BCE leur avait miné le terrain en leur laissant un lourd héritage (Terka), il a eu cette réponse : Si j’ai laissé un lourd héritage au pays, c’était bien le gouvernement dominé par Ennahdha lui-même». Il a nié avoir conclu la moindre transaction avec ce mouvement, tout en affirmant avoir été à l’origine de son évolution: «Jai dit à Cheikh Rached qu’il avait intérêt à opter pour le dialogue aves l’opposition, parce qu’il n’avait pas le choix. C’est à la suite de notre rencontre à Paris et suite à mes conseils qu’il a accepté de prendre part au Dialogue national après l’avoir boycotté». Il s’est dit prêt à conclure une alliance avec Ennahdha, mais après les élections, «car ce mouvement fait partie du paysage politique quoi qu’on en pense».
A propos de l’assassinat de Belaïd, il a estimé que le ministère de l'intérieur a identifié la partie qui avait planifié cet acte, mais avoue ignorer si ce ministère à l’intention de le révéler et quand. Il a nié toute idée de recyclage des anciens rcdistes, mais a reconnu que son parti était ouvert à tous les Tunisiens y compris les anciens rcdistes tant qu’ils ont les mains propres et n’ont pas maille à partir avec la justice. A propos de ses ambitions présidentielles, il a dit qu’il serait candidat à la présidence da République «mais chaque chose en son temps». Avant d'ajouter:«cela dépendra de mon état de santé. Si ma candidature n’est pas dans l’intérêt du pays, je m’y abstiendrais». A propos des défections au sein de Nidaa Tounès, il a parlé de cas isolés. «Nous avons actuellement 90000 mille adhérents et nous comptons atteindre les 110000 prochainement», rappelant les sondages qui placent Nida en tête des intentions de vote. Il a écarté d'un revers de main les accusations de Abdelaziz Mzoughi qui l'avait comparé à Staline.
En définitive, Si Béji a paru très à l'aise tout au long de l'interview, maniant l'humour avec finesse et ponctuant ses phrases de proverbes du terroir comme il nous y a habitués. Il faut toutefois regretter qu'il soit tombé, par moments, dans le travers que son ex ennemi, Rached Ghannouchi n'a pas su éviter par le passé, en se montrant parfois agressif dans ses réponses et trop sûr de lui.