Ennahdha: Alliances à tout va
Fort d’un constat que tous les partis politiques répètent à l’envi qu’il fait partie du paysage politique et qu’il le restera, le mouvement Ennahdha voit des alliances avec toutes les sensibilités politiques. Y compris des alliances les plus invraisemblables, comme par exemple avec Jebha Chaabia, le mouvement populaire, une coalition de partis de gauche. Du reste le porte parole de ce mouvement, Hamma Hammami ne l’exclut pas, non plus, après les prochaines élections en le conditionnant toutefois à «un accord sur la réalisation des objectifs de la révolution». Le Parti Républicain «al-Joumhouri» de Ahmed Néjib Chebbi est concerné par une alliance avec Ennahdha aussi. Le président de son comité politique y est favorable. Sans parler des autres partis de la Troika qui souhaitent que leur alliance avec le parti islamiste soit reconduite après les prochaines élections. Le président du parti «Ettakatol» Mustapha Bne Jaafar l’a dit sans détour, alors que Moncef Marzouki , président d’honneur du CpR ne cesse de manifester son alignement sur le grand parti frère.
Reste Nidaa Tounés, l’autre «mastodonte» sur la scène politique du moins du point de vue des sondages. Après avoir évoqué un «marché passé» entre les leaders des deux partis, Rached Ghannouchi et Béji Caid Essebsi après leur rencontre à Paris autour d’un «partage du pouvoir», on murmure qu’une alliance entre les deux mouvements est possible sinon souhaitée. Pressé de donner son avis, M.Caid Essebsi n’exclut aucune formule. C’est après les élections et au vu du rapport des forces qu’on avisera, précise-t-il. Mais, ajoute-t-il, je préfère parler d’association avec Ennahdha que d’alliance. BCE tient néanmoins à dire que le projet de société défendu par les deux partis est «dissemblable». «Nous militons pour une société du 21ème siècle, ouverte, tolérante et démocrate, alors qu’eux veulent islamiser la société», dit-il
Dans tous les cas, tous les partis lorgnent du côté du parti islamiste, car ils sont persuadés qu’il dispose d’un «noyau dur» qui lui est acquis quels que soit les «mouvements d’humeur» d’un électorat volatile. Ennhadha serait fort intéressé d’élargir ses alliances avec des partis «laïcs». Ce serait pour lui une consécration. Avoir dans son «escarcelle» Nidaa Tounés, ce serait indubitablement le «must». Ce serait la preuve que de mouvement religieux, il est accepté en tant que « parti comme les autres».
Raouf Berrejeb