Une occasion ratée
La célébration de la ratification de la constitution, ce vendredi 07 février 2014, a été, à mon point de vue, une occasion ratée.
La Tunisie aurait pu en tirer un très grand parti si cette célébration a été menée de mains de maitres et si ses organisateurs avaient visé surtout l’intérêt du pays et non des préoccupations électorales.
Notre tourisme, par exemple, aurait pu obtenir le bon coup de fouet dont il a tant besoin.
Une opération marketing savamment pilotée par le Ministère des affaires étrangères aurait changé la donne en tenant compte, par exemple, des agendas des uns et des autres, si c’était le seul empêchement.
Il est certain que si les Grands de ce monde avaient participé à cette cérémonie, l’effet médiatique aurait été des plus bénéfiques.
Toutes les grandes chaines de télévisions étrangères auraient couvert cette cérémonie. Mais hélas, il en fut autrement. Ce sont leurs seconds qu’ils ont délégués.
Oui, bien sûr, nous sommes reconnaissants à tous ceux qui ont bien voulu nous honorer de leur présence et en particulier nos frères africains et partager notre joie.
On devait s’attendre à cet échec car avec une Direction à trois têtes et un Gouvernement fraichement débarqué, il était difficile de s’entendre sur la voie à suivre et les pays à inviter sans commettre de bévues.
Il nous semble que chacun a voulu,dans la précipitation, inviterde son côté qui il veut.
Dans le temps, sous Bourguiba, nous étions les amis de tous les pays avec une prédilection pour les pays du monde libre et de leurs satellites. Ils avaient reconnu et soutenu notre indépendance et nous avaient aidés à construire notre jeune Etat.
Nous étions en froid avec l’Iran pour avoir tenté de nous déstabiliser en encourageant l’implantation du mouvement chiite.
Actuellement, frappé par un boycott économique, nos relations économiques et financières sont des plus réduites, avec ce pays. Avions-nous intérêt à introduire le loup dans la bergerie et à le laisser vider son fiel contre l’occident qui a marqué sa disposition à nous aider lors du G8 sous le Gouvernement de BCE?
Ce très grave incident me rappelle celui du Palmarium où Kaddafi pérorait contre l’Occident et vantait les mérites d’une Union précoce avec la Tunisie.
Bourguiba qui l’écoutait de sa résidence à Carthage s’est vite déplacé sur les lieux étonnant plus d’un de ceux qui écoutaient ce discours mais sans réagir. Il a laissé terminer son hôte puis a pris la parole pour remettre les pendules à l’heure. Ce fut un discours historique dont Kaddafi ne s’est pas remis.
J’aurais aimé que les élus aient brandi un «dégage» à ce Larijani.Et qu’on ne me parle pas de protocole et d’usages diplomatiques !
Curieusement, j’ai entendu des applaudissements émanant de je ne sais quel groupe. Wafa? CPR? Ennadha?
J’aurais aimé que MBJ, ou le Président de République rappelle au Président du Majlis iranien que la tribune ne lui a pas été offerte pour régler ses comptes, sur le sol tunisien et au sein de l’ANC, avec l’occident et avec à sa tête les USA.
Si j’étais Mehdi Jomâa j’aurais quitté la salle pour marquer ma désapprobation.
Que dira-t-il à Obama lorsqu’il le rencontrera demain? je n’aimerais pas être à sa place.
Ce qui vient de se passer nous invite à réfléchir sur la conduite des affaires de l’Etat au courant des prochains mois. On ne peut pas gouverner avec un «gouvernement d’indépendants» avec une ANC et un Président de la République qui agissent à contre-courant de bonne ou de mauvaise foi.
Je dirais même que le régime politique que nous avons choisi ne fera pas long feu. J’aurais préféré un régime présidentiel amélioré. J’espère que les faits me démentiront.
Mokhtar El Khlifi