Opinions - 16.02.2014
Radhi Meddeb : Tunisie, tu te relèveras
Il est des matins où le réveil est difficile.
Au sens propre, lorsqu’on se réveille en apprenant que quatre jeunes compatriotes innocents sont tombés sous les balles de l’obscurantisme lâche et impitoyable.
Au sens figuré, quand le constat est amer, très amer mais inévitable : à chaque fois que la Tunisie essaie de mettre le pied à l’étrier, des forces rétrogrades s'escriment à lui mettre le nez dans la sciure, et le moral aussi.
En comptant cette fois avec deux nouveautés bien cruelles : l’apparition des faux barrages (à confirmer) et l’assassinat de civils innocents (non politisés) ; Non pas que la mise à mort de nos corps armés soit plus légitime, non, loin de là !
Au moment même où une ère nouvelle commence pour notre pays, où tout un chacun, excepté peut être certains qu’un endoctrinement vindicatif et aveugle continue de ronger, voit l’espoir renaitre en lui et l’horizon se clarifier, voilà que l’on se retrouve, une fois encore, face à l’horreur.
Combien, se sont aventurés par ce climat magnifique, propre à nous en plein hiver, profitant du week-end, accompagnés de leur famille, sur des routes secondaires, à la découverte de nouveaux paysages et de régions à explorer ? En profitant peut-être pour passer la nuit dans un charmant village ou en trainant tardivement sur un itinéraire ?
N’importe lequel d’entre nous aurait pu être ce pauvre garçon de café ou ce malheureux infirmier, pris au piège par la perfidie et la violence terroriste.
Ne nous méprenons pas : La question sécuritaire devient en Tunisie une priorité absolue, un besoin supérieur, une condition vitale ; Peut-être même primant sur le pain quotidien.
Quatre tunisiens sont morts ce matin. Quatre autres sont blessés, peu ou prou. La spirale de la violence et du terrorisme : jusqu’à quand ?
Nul doute que de grands moyens sont déployés pour contrer le terrorisme et que ni la détermination, ni la bonne foi ni le courage ne manquent.
Un fait m’interpelle cependant : l’horrible tuerie de Bulla Regia ce matin aux aurores n’est pas sans rappeler dans sa macabre méthode, celles de Sidi Ali Ben Aoun et de Goubellat ! Même guet-apens, même procédé d’attirer les patrouilles, même acharnement contre les forces de l’ordre (ou ceux qui y sont assimilés – « Taghout » et Cie) et même résultat !
N’a-t-on donc rien appris des antécédents ? N’a-t-on donc aucun moyen d’être plus prudents devant des scénarii répétitifs ? N’a-t-on donc aucune défense contre des attaques à la « recette » peu imaginative ? Il faut le croire…
Peut-être aussi, devrions nous réaliser que, peu habitués à cet aspect de l’horreur, nos erreurs ne sont pas exclues mais il est important qu’elles ne soient pas nombreuses et que nous assistions régulièrement au massacre de nos meilleures élites et pas seulement.
Il ne faut pas non plus être ni dupe ni crédule en espérant que la question sécuritaire a été résolue par les seuls raids de Raoued et d’Ariana ; Chacun sait que le combat contre le terrorisme est long et difficile, surtout après l’avoir couvert de tant de laxisme.
Il n’est pas un secret non plus qu’une fois la bataille contre ce fléau commencée, il est probable et même attendu que des représailles soient inévitables : C’est une guerre sans merci et à multiples rebondissements. Il faut en être conscient. Il faut assumer.
Nul n'a le droit de crier à l’échec, d’inciter au découragement, de remettre en cause l’efficacité d’un gouvernement naissant ou encore de remettre sur le tapis la polémique autour du Ministre de l’Intérieur ; C’est là le piège dans lequel nous ne tomberons pas. Car ce serait le pire des fourvoiements !
Encore une fois : restons solidaires ; Il nous faut tous, lutter contre cette gangrène qui cherche à nous ronger, en ne sabotant ni l’effort ni le travail de personne, en soutenant, chacun à sa manière, nos forces armées et sécuritaires qui se sacrifient pour nous, et les autorités qui les chapeautent. C’est là notre unique voie de sortie, notre seule planche de salut, en attendant des jours meilleurs…
Nous nous en sortirons et la Tunisie restera debout !
Radhi Meddeb
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