Le combat solitaire de Ahmed Najib Chabbi
Le différend entre Nidaa Tounès et Ahmed Najib Chabbi a atteint le point de non retour après les accusations du dirigeant d’El Joumhoury lancées jeudi sur les ondes de Mosaïque contre le Mouvement Nidaa Tounès et son président, Béji Caïd Essebsi d’avoir tenté de casser le parti en débauchant une partie de ses militants. Pendant près de 50 minutes, il n’a été question que de ce parti, de son président, de l’Union Pour la Tunisie et accessoirement du Front du Salut. Chabbi est allé jusqu’à refuser les excuses de BCE qui l’avait traité de menteur lors d’une émission télévisée pour avoir évoqué une alliance entre Ennahdha et Nidaa. Le président d’El Joumhoury persiste et signe. A l’appui de ses dires, Il cite la proposition faite par BCE au lendemain de l’assassinat de Mohamed Brahmi, la création d’un Haut Conseil d’Etat où le président de Nidaa siégerait en compagnie de Ghannouchi et du secrétaire général de l’UGTT ainsi que son appel à la dissolution de l’ANC.
Chabbi a justifié son départ de l’UPT par «le bilan négatif de cette alliance. Aucune action significative n’est à mettre à son actif depuis sa création. On voulait créer un front politique et électoral. On n’a eu ni l’un ni l’autre. Par contre, on a divergé sur tous les sujets débattus. Notre départ était devenu inévitable. Pour nous sanctionner, Nidaa Tounès a tout fait pour nous exclure du Front du Salut». Il n’a pas caché son amertume à propos de la réaction du Front Populaire qui a fait droit aux arguments de Nidaa en excluant El Joumhoury de l’Instance politique du Front du Salut, tout en l’autorisant à y rester, mais comme un simple membre. La suprême humiliation pour Chabbi: «on nous a rétrogradés en deuxième division» a-t-il ironisé.
Il s'est brouillé avec le Front Populaire et entretient des rapports exécrables avec l’alliance démocratique ainsi qu’avec Ettakattol et le CPR. Son parti est exangue après les vagues de démissions. El Massar, autrefois, allié fidèle, s'est désolidarisé de lui et Hamma Hammami l'a désavoué en rendant un hommage appuyé à BCE. Il a décidé de boycotter le Dialogue national et annoncé officiellement son départ du Front du Salut. L'isolement du président d’El Joumhoury aujourd'hui n'est pas relatif comme il le prétend, mais total. Sa seule alternative est l’alliance avec Ennahdha. Pour le moment, il fait la fine bouche. Mais est-il sûr qu'on veuille bien de lui.
L'enfer, ce n'est pas toujours les autres, il peut être aussi en nous. La diabolisation de Nidaa Tounès. Il lui reste à tirer les conclusions de ces échecs répétés. Faute de quoi, la descente aux enfers continuera.
Mustapha