Abdelaziz Zenaidi : ce grand bâtisseur de la Tunisie indépendante qui nous quitte
La Tunisie perd avec la disparition d’Abdelaziz Zenaidi l’un de ces premiers grands ingénieurs qui ont aussi le plus contribué à l’édification d’une infrastructure avant-gardiste et d’équipements modernes. Ce bâtisseur inlassable a toujours porté une vision d’avenir et veillé à une exécution de rigueur. Ses empreintes sont partout dans le pays. La Faculté des Lettres de Tunis, Boulevard du 9 Avril, c’est lui, tout comme la Cité Olympique construite pour les Jeux Méditerranéens de 1967, l’hôtel Africa, l’un des chantiers les plus difficiles en raison des problèmes de fondation, l’ancien hôtel Hilton devenu Sheraton et l’ancien Palais de Skanès. Mais, aussi, tant et tant de grands travaux d’aménagement et d’infrastructure.
Le premier ingénieur tunisien diplômé de l’Ecole centrale de Paris dans les années 30 aurait pu occuper de hautes fonctions en France ou, de retour au pays, monter son propre bureau d’études et sa propre compagnie de BTP. Mais, il a préféré se consacrer au service public. L’indépendance de la Tunisie le confirmera dans son choix et laissera libre cours à son génie. tout en gardant sa modestie naturelle.
Né à Tunis en juin 1914, Abdelaziz Zenaidi a obtenu son bac au lycée Carnot puis a rejoint en Prépa le Lycée Saint-Louis à Paris. Admis à Centrale, il en sortira dans le peloton de tête de sa promotion, auréolé en plus d’une réputation d’un jeune de nobles valeurs, très attaché à son pays. Il commencera sa carrière professionnelle, dans les années 40, en qualité d’ingénieur principal à la Direction générale des Bâtiments aux Travaux Publics et fera partie, à l’aube de l’indépendance, avec Lassaad Ben Osman et Mokhtar Laatiri, notamment, cette génération tunisienne de relève qui s’engagera dans l’édification du pays. L’œuvre est monumentale, surtout au regard de la modestie des compétences techniques et des moyens financiers et engins disponibles à l’époque. Rien qu’à ce trio, la Tunisie doit énormément.
Abdelaziz Zenaidi sera tout-à-tour, directeur général des Grands travaux au Ministère de l’Equipement, PDG du groupe El Bouniane, fort de 14 filiales et PDG de la compagnie Tunisair. Partout où il a été affecté, il a toujours porté une attention particulière aux jeunes ingénieurs, mais aussi aux gestionnaires et à tous les cadres, tout en veillant à la situation des autres employés. Son souci majeur était de favoriser l’émergence de compétences tunisiennes à même de réussir de grands projets. Le service public était resté pour lui un noble devoir.
Tout au long de son parcours professionnel Abdelaziz Zenaidi, s’est distingué par son exemplarité et son abnégation. On retrouve ces mêmes vertus dans sa vie familiale, aidé en cela par sa fidèle épouse feu Sabiha Bahri, enseignante. Ensemble ils ont inculqué à leurs quatre enfants (Mondher, Belkis, Bourane et Jaafar) les valeurs du patriotisme et le sens de l’excellence. Un grand monument nous quitte. Son œuvre demeure.
T.H.
Lire aussi: La double peine de Mondher Zenaïdi