Sur fond de division, la famille «destourienne» célèbre le 80 ème anniversaire du Néo Destour
Quatre partis destouriens à savoir, le Mouvement Destourien de Hamed Karoui, l’Initiative Destourienne Nationale de Kamel Morjane, le Nouveau Parti Libéral Destourien d’Ahmed Mansour et la Rencontre Destourienne de Sami Chebrek célèbreront ensemble dimanche 2 mars au Palais des congrès de Tunis le 80ème anniversaire de la fondation du Parti Néo Destour de l’ancien Président Habib Bourguiba. Cette fête qui semble esquisser l’unité de la famille destourienne qui se réfère à l’héritage bourguibien survient sur fond de divisions entre le Parti de Hamed Karoui et le mouvement Nidaa Tounes de Béji Caid Essebsi, lui, aussi un ancien cacique du Parti destourien. Nidaa envisage de célébrer cet anniversaire à Ksar Helal où s’était tenu le 2 mars 1934 le congrès fondateur du Néo Destour. C’est aussi sur fond de polémique sur la légalité du Mouvement Destourien après la dissolution du RCD, dont Hamed Karoui était vice-président ainsi que de l’émergence de nouveau du projet de loi portant exclusion des prochaines élections des responsables de l’ancien régime que cet anniversaire survient.
«Aux destouriens de relever la tête»
Dans sa dernière prestation télévisée sur Nessma TV, l’ancien Premier ministre de Ben Ali a dirigé ses flèches les plus acérées contre Béji Caid Essebsi en rappelant que ce dernier avait dit que le «parti destourien est bien mort» alors qu’il ose célébrer l’anniversaire de la création du Néo Destour de Bourguiba».
Hamed Karoui a souligné que «quand j'appelais les destouriens à «relever la tête», M. Caid Essebsi leur demandait de se faire «petits» et de se mettre à l’arrière-plan dans son parti. Il a observé que le président de Nidaa Tounés est demeuré quinze ans membre des instances du RCD. Dans tous les cas, il a dit qu’il ne pouvait soutenir sa candidature à l’élection présidentielle tant qu’il n’aurait pas clarifié sa position vis-à-vis des destouriens.
Ces attaques n'ont pas été appréciés par M.Kamel Morjane et de ses partenaires de l’Initiative Destourienne nationale. Dans la perspective des prochaines élections, ce parti envisage, en effet, de rallier l’Union pour la Tunisie cette coalition de partis démocratiques réunis autour de Nidaa Tounés.
La dissolution du RCD: «une faute grave»
S’agissant de la dissolution du RCD, c’est une partie de la gauche qualifiée par M.Karoui d’ «éradicatrice» qui a été accusée d’avoir fait pression sur l’ancien ministre de l’intérieur Farhat Rajhi pour parvenir à cette fin. Ce fut une «faute grave» comme du reste la suppression de «la police politique», a souligné Hamed Karoui. Celui-ci n’a pas manqué d’attaquer de façon virulente M.Samir Bettaieb, député de l’ANC et membre du parti Massar (ex-communiste) qui avait dit sur une radio privée que l’autorisation accordée au parti de Hamed Karoui fut «une erreur». «M.Bettaieb a travaillé avec le régime de Ben Ali et maintenant il attaque les RCDistes» a-t-il dit.
S’il a donné l’impression d’épargner le parti islamiste Ennahdha, ce n’était qu’une mauvaise perception des choses, selon Hamed Karoui : «Quand Béji Caid Essebsi rencontre le leader d’Ennahdha on applaudit des deux mains, alors que moi j’ai dit des choses sur les islamistes que personne n’a osé dire, et pourtant on m’accuse de collusion avec ce parti», a-t-il souligné. Il a rappelé que c’était lui qui, avait demandé de leur accorder un visa au début des années 90 et qu’à défaut, ils avaient été autorisés à publier un journal. S’il avait été entendu le parti islamiste ne serait pas arrivé premier aux élections du 23 octobre 2011, a-t-il ajouté.
Faire le sale boulot
Les deux partis qui forment avec Ennahdha la Troïka ont reçu les attaques les plus rudes car ils faisaient «le sale boulot». La loi de l’exclusion des responsables de l’ancien régime défendu par le CPR a été stigmatisée. «Maintenant que la loi sur la justice transitionnelle a été adoptée, c’est à cette dernière et à elle seule que les anciens responsables doivent rendre des comptes, et nous l’attendons de pied ferme» a-t-il dit. Mustapha Ben Jaafar, chef du parti Ettakatol « un ancien destourien » en a eu pour son grade en raison de son soutien à cette loi. «Alors que l’encre de la Constitution n’a pas séché, on veut la violer allègrement, car on ne peut soustraire des droits à un groupe de personnes du fait que la sanction ne peut être qu’individuelle en vertu d’une loi qui dans tous les cas ne peut être rétroactive» a dit M.Karoui.
Seuls les partis se réclamant de l’héritage bourguibien et du référentiel « destourien » ont eu grâce à ses yeux. «J’avais dit que j’avais raccroché les crampons c’est à dire que j’avais pris ma retraite de l’action politique mais j’étais contraint de créer le Mouvement destourien quand les jeunes ne s’étaient pas manifesté. Notre parti est riche de ses jeunes qui forment 70 % de ses effectifs» a-t-il dit en affirmant qu’il s’en irait au lendemain des élections municipales après le premier congrès du M.D. qui se choisira une nouvelle direction. Pour lui, tous les efforts doivent converger vers l’unification de la famille destourienne.
R.B.R.