Serguei Lavrov à Tunis: une première dans les relations entre les deux pays
Le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov effectue à partir de ce lundi une visite de 48 heures en Tunisie. On avait pensé que cette visite allait être ajournée après la montée de la tension entre la Russie et l’Ukraine. Il n’en est rien. Lavrov sera parmi nous, comme prévu. C’est la première fois qu’un dirigeant russe de ce rang foulera le sol tunisien.
Pendant près de 60 ans, les deux pays se sont superbement ignorés. La Tunisie de Bourguiba avait choisi son camp dès le début: «le monde libre» comme se plaisait Bourguiba à appeler l'occident. Quant à nos relations avec la défunte Union Soviétique, elles étaient réduites à leur plus simple expression, se limitant aux relations diplomatiques classiques. Dans les années 70, "le combattant suprême" avait projeté de visiter l'URSS à condition d'être accueilli par l'un des membres de troika à savoir Brejnev, le SG du PCUS, Kossyguine, le Chef du gouvernement ou Podgorny, le Président du Soviet suprême. Une délégation du service du protocole soviétique était venu à Tunis pour discuter des préparatifs de cette visite. On leur fit part des conditions de Bourguiba. La réponse des Soviétiques a été la suivante : "nous avons des règles très strictes. Le SG ne se déplace que pour les présidents des pays frères, c'est à dire les pays communistes, le Chef du gouvernement pour les présidents des grandes puissances et le président du Soviet suprême pour les pays amis comme l'Egypte ou l'Algérie La Tunisie ne fait partie d'aucune de ces trois catétégories. Donc le président Bourguiba ne pourra être reçu que par un ministre". Bourguiba préféra renoncer à cette visite. L'arrivée de Ben Ali n'a pas entraîné de changements majeurs dans nos relations avec l'Union Soviétique puis avec la Russie. Cette indifférence de l'Union Soviétique ne s'explique pas seulement par la méfiance qu'éprouvait Bourguiba pour le camp communiste mais aussi par le fait que Moscou avait de solides alliés dans la région comme l'Algérie ou l'Egypte en comparaison desquelles la Tunisie ne représentait qu'un intérêt mineur pour la diplomatie soviétique.
Le changement d'attitude des Russes vis à vis des Tunisiens illustré par la visite de Lavrov, on le doit certainement à la révolution. Jamais, notre pays n’avait reçu autant d’hôtes de marque que pendant ces trois dernières années. Paradoxalement, jamais la diplomatie tunisienne n’a été aussi timorée, aussi peu inspirée, surtout pendant les deux années de la troika. Pour être plus précis, le titulaire du portefeuille des affaires étrangères, Rafik Abdesselem avait sa part de sa responsabilité, mais ce sont les bourdes du président de la République qui ont causé le plus de torts à notre pays.Le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov effectue à partir de ce lundi une visite de 48 heures en Tunisie. On avait pensé que cette visite allait être ajournée après la montée de la tension entre la Russie et l’Ukraine. Il n’en est rien. Lavrov sera parmi nous, comme prévu. C’est la première fois qu’un dirigeant russe de ce rang foulera le sol tunisien.