Périple de Mehdi Jomaa dans les six pays du Golfe sur fond de crise entre ces pays
Le Chef du gouvernement Mehdi Jomaa s’apprête à effectuer à la mi-mars un périple dans l’ensemble des six pays du Golfe pour appeler ces pays à «prêter main forte» à la Tunisie afin de lui permettre de passer le «cap difficile» qu’elle traverse en raison de la situation de ses finances publiques.
Selon nos informations, M. Jomaa entamera ce périple par les Emirats Arabes Unis. Il se rendra ensuite successivement en Arabie Saoudite et au Qatar. Il ira par la suite au Koweït puis visitera le Bahreïn et le Sultanat d’Oman. Cette tournée se tient avec le plein accord du président provisoire, souligne-t-on.
Après avoir apaisé le climat des relations avec Abou Dhabi et Riyad, M. Jomaa entend exposer aux souverains des six monarchies la situation financière de la Tunisie et solliciter leur contribution afin de permettre au pays de surmonter ses difficultés conjoncturelles.
En se faisant accompagner d’une délégation d’hommes d’affaires, M. Jomaa entend passer à ses interlocuteur le message que la Tunisie n’a pas besoin seulement de mesures urgentes pour combler le déficit des budgets 2014 et 2015 qui seront «deux années difficiles» mais pour leur demander d’envisager de promouvoir l’investissement direct pour assurer la croissance de l’économie tunisienne à terme.
Les pays du Golfe, souligne-t-on sont parmi les plus importants bailleurs de fonds de la Tunisie. Des banques mixtes de développement ont été créées dès les années 80 avec l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Emirats Arabes Unis et le Qatar.
Cette tournée se tient néanmoins dans un climat de crise au sein du Conseil de Coopération du Golfe à la suite de la décision inédite prise le 5mars ensemble par l’Arabie Saoudite, les Emirats et Bahreïn de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar pour le non respect par Doha de l'accord de sécurité signé à Riyad en novembre 2013, et de son refus de s'entendre sur une politique unifiée et de s'engager à «garantir la non-ingérence de façon directe ou indirecte dans les affaires internes de chacun des pays membres par le biais d'individus, d'organisations et de médias hostiles», selon un communiqué conjoint des trois pays.
Cette «crise» n’aura pas d’effet sur les rapports de la Tunisie avec les six pays affirme-t-on. On prévoit que le prochain Sommet arabe prévu au Koweit les 25 et 26 mars prochain offrira l’occasion à l’Emir du Koweït qui préside le Conseil de coopération du Golfe de mettre en œuvre une «médiation» entre les différents belligérants. Il suffirait que le Qatar arrête «les prêches incendiaires» du Cheikh Youssef Qaradhaoui contre Riyad et Abou Dhabi et infléchisse les positions de la Chaîne al-Jazeera sur la situation en Egypte pour que les relations connaissent un « début de normalisation», indique-t-on. On va jusqu’à souligner que cette «mini-crise» servira le Cheikh Tamim prince régnant de Qatar depuis juin dernier, qui en profiterait pour asseoir son pouvoir.
R.B.R.