Pourquoi Néjib Mrad cherche à déstabiliser les grands groupes économiques
Décidément, l’élu d’Ennahdha à l’ANC dans la circonscription de Monastir, Néjib Mrad ne cesse de défrayer la chronique. Epousant une ligne extrémiste et cherchant toujours la provocation, il se signale cette semaine par la publication d’une liste d’hommes d’affaires qu’il accuse d’avoir bénéficié, sous l’ancien régime, de généreux crédits bancaires sans les avoir remboursés. De quoi les désigner à la vindicte publique ! Et de quoi susciter une indignation générale. D’abord de la part des concernés eux-mêmes, mais aussi du président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar et du président de la Commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption, Slah Zahaf, commission dont Mrad est précisément le rapporteur.
Sans revenir sur l’authenticité de cette liste qui nous rappelle une certaine « fuite » datant de 2003, et encore sur sa mise à jour et la sincérité de ses montants, il y alieu de signaler l’énorme confusion entre total de crédits contractés auprès du système financier et crédits accrochés. Aussi, aucun discernement n’est fait quant à la segmentation des crédits entre court, moyen et long termes. Un amalgame fâcheux qui souligne les intentions de l’auteur de cette cabale.
Tous se demandent sur les véritables motivations de l’élu d’Ennahdha. A-t-il agit de sa propre initiative sans en référer à son groupe parlementaire et à son parti ? Ou, est-ce un acte concerté ? Quelle que soit la réponse, nombreux sont ceux qui relèvent dans cette démarche une nouvelle tentative de déstabilisation des groupes économiques, particulièrement ceux cités et dont nombre sont cotés en bourse.
Si la Bourse n’a réservé qu’indifférence à cette manœuvre, c’est que la communauté financière n’est pas dupe et connaît bien la réalité des groupes mis en cause. Mais, elle demeure cependant intriguée par les motivations de pareilles incartades.
Chaque fois que le pays essaye de se remettre sur pied et de se relancer, un acte terroriste surgit ou une voix discordante s’élève pour le déconcerter. Heureusement que l’initiative de Mrad ne soit pas sanglante, mais elle n’en demeure pas moins abjecte. N’hésitant pas à monter au créneau pour défendre son honneur et celui de son groupe, Moncef Sellami l’a ferment dénoncé dans les médias et lui intentant une action en justice. D’autres procès suivent, sans doute. Mais est-ce suffisant pour réparer le préjudice causé et la réputation mise en doute. Que des politiques se chamaillent sur des questions politiques ou partisanes, oui, mais qu’ils incriminent l’entreprise dans leurs tiraillements, c’est inacceptable.
Il appartient aujourd’hui aux états-majors des partis d’imposer à leurs élus et autres dirigeants d’épargner la sphère économique et financière, plus particulièrement les chefs d’entreprise, toute déstabilisation et tout dénigrement. Que ceux qui détiennent des preuves contre eux les remettent entre les mains de la justice, sans en faire l’objet de surenchère partisane ou de chantage. Néjib Mrad et son parti, doivent faire amende honorable.
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