Afifa la fille Hédi Jouini révèle à Leaders: coup de manivelle cette semaine d'un film consacré à la Star
La bonne initiative pour la commémoration du centenaire de Hédi Jouini nous vient de Londres. C’est en effet sa petite fille Claire qui s’apprête à donner cette semaine à Tunis le premier coup de manivelle d’un film restituant la fabuleuse saga de la grande star de la chanson tunisienne. Dans une interview à Leaders, Mme Afifa Belhassine (Jouini), épouse Husseini et fille de Hédi Jouini, nous révèle la nouvelle. Elle y évoque aussi ses souvenirs avec son père, son enfance heureuse et sa volonté de perpétuer cet héritage artistique de valeur.
Quels souvenirs marquants gardez-vous aujourd’hui de votre père ?
En dehors de son parcours extraordinaire, je garde un souvenir impérissable de la soirée du Festival de Carthage (fin des années 80) où mon père excella. Toute la famille était présente et le public, très nombreux, était venu applaudir et encourager cet artiste qui consacra toute sa vie à rehausser le niveau de la chanson tunisienne. La soirée fut mémorable et mon père, ce soir là bien que fatigué, a chanté en symbiose avec son public qui scandait son nom, ses plus belles chansons. J’étais fière de lui, fascinée et subjuguée devant ce monument, qui a tant donné à la musique tunisienne.
Comment a été votre enfance auprès de lui ?
Mon enfance a été heureuse, mais mon père nous a beaucoup manqué, car il partait assez souvent en voyage soit à l'intérieur du pays, soit à l’extérieur. Quand il revenait à la maison, il faisait de son mieux pour combler le vide laissé par son absence. La famille s’était rendue à l’évidence que Hédi Jouini appartenait à son public, et au fil des jours, nous avons accepté le partage, c'est-à-dire que son public avait autant de droit que nous sur lui.
Et votre jeunesse ?
Ma jeunesse, c’était les plus belles années de ma vie. J’étais épanouie et rayonnante. Un vrai bonheur familial dont ma mère (Allah Yarhamha) était un élément moteur. Elle était présente pour combler le vide laissé par notre père. Nous étions une famille de 6 enfants (4garçons et 2 filles) et à l’époque, ce n’était pas aussi facile.
Quels souvenirs marquants gardez-vous aujourd’hui de votre père ?
Mon père avait 2 personnalités: celle de l’artiste et celle du père affectueux qui veillait au grain, tantôt gentil, tantôt sévère, tout en nous imposant le respect familial. Un fait est sûr : il ne voulait pas que nous menions une carrière artistique car il savait que le chemin était difficile et long. Je me souviens quand j’étais encore petite fille, qu’il m’emmenait au Théâtre Municipal ou à la salle « El Fath » où se produisaient de grands noms de la chanson tunisienne, aujourd’hui disparus. J’étais trop jeune pour le juger, mais en regardant mon père chanter, j’avais le trac. A la fin de ses soirées, il me prenait par la main et me disait: « Allez ma fille, rentrons à la maison ».
Comment viviez-vous ses grands concerts en Tunisie et à l’étranger ? Y assistiez-vous ?
J’ai assisté quand je pouvais aux spectacles donnés par mon père, car il m'avait transmis très tôt le virus de la chanson. A tel point, que j’ai moi-même interprété ses chansons à la TV tunisienne et à la radio ainsi qu'aux festivals de Carthage et de la Médina, dans un cadre strictement culturel.
D’après vous, comment lui rendre hommage et préserver sa mémoire et son patrimoine ?
En dehors du livre qui vient de paraitre en France « Sur les traces d’un Géant » et dont mon frère Naoufel est l’auteur et des diverses occasions qui se sont présentées à moi et à mon jeune frère Adel pour honorer sa mémoire, ma jeune nièce Claire, fille de Farid qui vit à Londres, et cinéaste de métier, s'apprête cette semaine à Tunis à donner le premier tour de manivelle d'un film qui retrace la vie de Hédi Jouini, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Ce film sera terminé en 2010 et sera probablement diffusé par la TV tunisienne. Dans un autre volet, et afin de sauvegarder son patrimoine, il faudrait faire plus d’efforts, afin de protéger ses œuvres des pirates et des artistes qui les exploitent et en tirent grand profit.