Opinions - 28.03.2014

Mouvement national : La mémoire au secours de l'Histoire

Jamais l’histoire n’a été autant interpellée en Tunisie que ces dernières années par les divers acteurs politiques, sociétaux et culturels. Chacun y cherche sa raison: un brin de légitimité, ou un différend à régler au présent, en croyant rappeler des vérités indiscutables.

De leur côté, les historiens ont souvent payé de leur prestige et devoir d’objectivité en se laissant emporter par des batailles de mémoire aussi subjectives que partisanes.

Rien ne fait plus l’unanimité, rien n’arrive plus à fédérer la nation, même pas la date de l’indépendance nationale conquise au prix de longs sacrifices consentis par des générations successives.

Certes, l’unanimisme de façade affiché des années durant, exprimait plus la mémoire de l’Etat et cachait mal les frustrations des uns et les indifférences des autres, mais aujourd’hui un débat intense et dépassionné s’impose autour de l’histoire nationale et de sa mémoire retrouvée.

Les épreuves de la mémoire

En effet, mémoire et histoire se bousculent en Tunisie, tantôt en conflit, tantôt en alliance mais jamais en cohérence. Cette vérité s’explique par le contexte particulier des remises en cause et des révisions revendiquées au nom d’une critique radicale aux mille facettes, formulée par les apôtres autoproclamés de la «vérité révolutionnaire», qui vont jusqu’à nier simplement la réalité de l’Indépendance et de la République, au bénéfice d'une proclamation de la date du 14 janvier 2011 (ou du 17 décembre 2010) comme celle effective de la naissance d’une République indépendante en Tunisie.

Or, ces attitudes et positions sont souvent arborées par des officiels qui montrent ainsi que les nouveaux chefs idéologiques de la coalition au pouvoir ont un double différend avec l’histoire et avec la mémoire.

Depuis bientôt quatre ans, chaque date nationale ou presque est l’occasion d’une réelle confrontation de rue et surtout d’une division tranchée montrant à quel point la fracture est profonde.

Une fracture de la mémoire traversant l’Etat et la société

Le conflit se joue sur le terrain, dans les rues et les médias, entre deux grandes tendances opposées, l'une s’attachant à la mémoire nationale avec ses symboles et figures, l'autre cherchant à effacer les traces de la mémoire ou à en déformer les usages et perceptions. Ce conflit a atteint son paroxysme le 9 avril 2012,  fête des martyrs, triste journée de commémoration où s'est déferlée la violence de l’Etat contre la mémoire de la société. Cette fracture s’est de nouveau illustrée le 13 août 2012 (Fête nationale de la femme), journée de grande mobilisation qui a sonné le glas des détracteurs du principe d’égalité entre homme et femme dans la Constitution.

La journée du 20 mars 2013 va, quant à elle, marquer la grande mobilisation de la société civile contre la violence et le terrorisme, mais également contre l'oubli. Des milliers de Tunisiens venaient ainsi crier, en célébrant l'indépendance, leur colère contre la violence, la haine et la négation de la mémoire, quelques semaines  à peine après l’assassinat de Chokri Belaid.

Et cet attachement à occulter la mémoire est tétu et méthodique. Puisque même la date du 1er juin, celle commémorant la proclamation de La Constitution tunisienne de 1959, a failli être récupérée au profit de la nouvelle Constitution.

Face au silence et au dédain, l’histoire a son mot à dire. Surtout que les présupposés idéologiques sont bien lisibles à travers le discours de la rupture : rupture avec l’ancien régime, laquelle veut incriminer tous les bâtisseurs du modèle de société issu des choix nationaux de l’après-indépendance. A leurs yeux, l’Indépendance est "transaction", l’Etat National "tyrannie", le rationalisme "mécréance" et la modernité "dépendance".

Une fanfaronnade chaotique sème la confusion et appelle à une nouvelle architecture de l’Etat et de la société. Mais comme nous l'apprend l’histoire même, les batailles d’arrière-garde ont la vie courte, parce qu'anachroniques, en dehors de l'histoire. Les sociétés se défendent et la société tunisienne l’a bien montré, en s’attachant à ses droits, acquis et symboles. Elle continuera à le faire et à trouver suffisamment de ressources dans son histoire même, d’autant plus que le présent a vite montré les risques des dérives autoritaires, démagogiques et anti sociales des vendeurs d’illusions.

Je dirais que la bataille symbolique autour de l’histoire et de la mémoire est bien sur le point d’être définitivement gagnée, avant même celle politique. La guerre des mémoires n’aura pas lieu, parce que tout simplement la mémoire nationale se reconstruit sous nos yeux dans la douleur de l’expérience pratique des gens, dans la vie, face au danger d’une amnésie collective que propose la nébuleuse idéologique en pleine déconfiture.
Reste que ce tour de force que nous avons vécu est à étudier du point de vue de nos fragilités sociales et culturelles, révélées au grand jour : faiblesse de l’élite intellectuelle, de ses ancrages et engagements, survivances des archaïsmes qui ressurgissent sous la forme d’un néo conservatisme colérique, frustrations socio régionales, crise de l’école et de la culture… et tant d’autres maux dont la Tunisie nouvelle se doit de débattre et d’en engager les solutions.

L’Histoire Nationale: des chantiers ouverts à la réflexion et à la synthèse

Si la mémoire se saisit de l’affect et de l’émotion, l’histoire appelle à la distanciation nécessaire afin d’objectiver l’événement dont elle se saisit. Mais il y a bien une histoire possible de l’affect et donc de la mémoire même, qui elle est sélective donc nécessairement oublieuse.

Comment approcher de nouveau cette histoire nationale contemporaine en tenant compte à la fois des exigences de l’histoire et des complexités de la mémoire.

La mémoire nationale tient bon, mais reste une construction fragile, non seulement parce qu’elle est récente, mais surtout parce qu’elle a été façonnée principalement par des acteurs étatiques, une mémoire d’en haut, tout comme les réformes et les institutions de l’Etat. Elle a également été uniforme et univoque, alors qu'elle ne devrait souffrir d’aucune nuance, ni d’aucune réserve. Certes la mémoire nationale a eu et a toujours ses lieux de préférence et ses grandes dates, ses musées, ses monuments, ses figures et icones, mais ce que l'on magnifiait surtout, à travers discours et commémorations, c'est la raison d’Etat, en reléguant les acteurs sociaux, culturels - ceux d’en bas - toujours au second plan.

Les stratégies de la mémoire ont souvent manqué de didactique et de pédagogie, ce qui n’a pas manqué de rejaillir sur les perceptions et représentations, surtout parmi la jeunesse qui n’a pas vécu les fastes de la mémoire. Les cadres sociaux de la mémoire se relâchent, mais la mémoire, elle, est appelée sans cesse à se revivifier grâce aux nouvelles ressources au risque de se scléroser.

Dans ce jeu d’acteurs, notamment étatiques, la manipulation et l’instrumentalisation de l’histoire ne sont jamais exclus, au risque de biaiser les fondements mêmes du processus mémoriel.

L’objectif avoué d’une politique de la mémoire étant simple : amener les groupes sociaux à s’approprier symboliquement et émotionnellement l’essentiel de leur histoire qui fait sens: l’ensemble des actions, réalisations culturelles, intellectuelles, morales, politiques et sociales qui font que ces groupes se sentent solidaires et unis dans leur appartenance à ce qui est devenu la nation tunisienne. La Nation est donc cette construction historique collective complexe qui tend vers une convergence sans cesse renouvelée et renégociée, parce que ses ressources sont multiples.

Paradoxalement, cette construction bénéficie en Tunisie d’un solide ancrage et de ressources aussi variées que profondes, non seulement au vu de son histoire contemporaine et de ses antécédents historiques, mais aussi sur la longue durée ; chose rare dans d’autres contrées proches de nous.

La Tunisie peut s’enorgueillir de grandes réalisations historiques pour elle-même et pour l’humanité. Ses apports à la civilisation mondiale, à l’émancipation de l’homme, à la culture humaine ne sont plus à démontrer.
Qu’est ce qui fait donc défaut à la mémoire nationale pour qu’elle puisse se revigorer et se revitaliser ?
Une politique intelligente de la mémoire se doit à notre avis de rompre avec la monotonie du discours univoque, niveleur à vocation étatiste. C’est là ou l’histoire doit servir la mémoire en lui offrant son milieu naturel de ressourcement, l’histoire autant écrite, pensée qu’enseignée.

La diversité des apports et la multiplicité des acteurs sont au centre de notre histoire et de notre patrimoine. Reconnaître cette diversité et cette pluralité est la condition même de cette orientation nécessaire et souhaitable pour inviter généreusement chaque tunisien à s’approprier son histoire.

Tout comme la tribu s’est avérée soluble dans l’édifice national, la région aussi se doit de l’être. Le tunisien a depuis longtemps oublié son appartenance tribale au profit d’une appartenance plus large, nationale parce que plus utile et plus épanouissante pour son être et son devenir.

Mais ce vœu appelle à une conscience aigue des enjeux de l’histoire et de la mémoire. Quelle histoire écrire et dire et quelle mémoire conforter ?

Récit national et imaginaire collectif

Comment le Tunisien se représente-t-il l’Etat National? Certes, la conscience historienne de l’intellectuel diffère de celle du citoyen ordinaire. Si la première procède par conceptualisation et intègre facilement les complexités des processus du passé, la seconde procède plus par condensation et imagination. Souvent cette condensation se réduit à une image ou un ensemble d’images. De plus, la mémoire n’est pas dépourvue de fonction. Au contraire, la mémoire est nécessaire au présent des gens qu’elle valorise ou légitime ou au contraire sur lequel elle peut jeter l’anathème si ce présent ne répond pas à nos attentes.

Dans l’imaginaire collectif du Tunisien, l’Etat National surgit souvent à travers cet ensemble d’images, de souvenirs de figures et de faits qui condensent l’histoire, toute l’histoire. L’image du leader Habib Bouguiba symbolise aujourd’hui tout ce passé national et condense à la fois le mouvement national et l’Etat National. Cette image résiste au temps et aux conjonctures, parce qu’elle fait désormais partie de l’affect collectif, tel un mythe ou un postulat de départ qui ne se démontre plus. Et parce qu’il requiert la force du mythe fondateur, tout ceux qui ont tenté de le ternir ou d’en atténuer la teneur à des fins de manipulation de la mémoire collective, avant ou après le 14 janvier l’ont payé cher de leur propre crédibilité et image. Tout comme le drapeau national, qui retrouve à l’occasion des tensions « existentielles » sa pleine lune, ou l’image du Collège Sadiki qui renvoie aujourd’hui autant à l’ancrage historique du mouvement réformiste tunisien qu’à la mobilité sociale par l’école, chère à la famille tunisienne. Le capital symbolique du Tunisien est fait de tout cela et d’autres images qui constituent les référents majeurs et sacrés de son identité culturelle et politique d’homme moderne.
Mais tout cela est bien le produit d’une histoire dont il s’agit bien d’approfondir l’écriture, au rythme des temps et des appels du  présent.

Si l’histoire nationale a ses dates et événements fondateurs bien connus, et commémorés, d’autres le sont moins et méritent qu’on s’y attarde pour en tirer des enseignements utiles pour le présent.

La date du 20 mars 1956, n’a pas besoin d’histoire, elle est là, même si des voix discordantes font douter de la véracité de l’acte même du protocole d’indépendance, pourtant là, bien conservé dans nos archives. Par contre la question se pose par où commence cette histoire du mouvement national ?

Une histoire politique hésite, mais a ses préférences : de la résistance armée et directe dès 1881, à la naissance du mouvement «Jeunes Tunisiens» en 1907, les évènements sont multiples jusqu’à la publication de la "Tunisie martyre" en 1919, véritable manifeste de la Nation en gestation par Thâalbi ou la naissance même du Parti libéral constitutionnel en 1920. Mais une histoire se voulant plus globale du fait national même comme fait total, culturel, social et politique remonterait plus loin dans le temps pour chercher l’événement fondateur dans la fondation même de la Khadouniya en décembre 1896.

Un fait culturel majeur qui s’inscrivait dans cette continuité avec le réformisme du XIX siècle et dans cette capacité qu’avait la société de secréter les instruments d’une renaissance des élites nationales. Le discours de Béchir Sfar, président de la Khaldouniya lors de l’inauguration de la Tekiya (asile des pauvres) en 1906, n’a-t-il pas inauguré la critique ouverte des méfaits de la politique coloniale en Tunisie. Les filiations durables entre élites du savoir et élites politiques nouvelles sont lisibles dans l’itinéraire même des personnes et leurs vocations multiples.

Tout comme pour l’histoire du réformisme tunisien, deux dates phares se disputent la paternité de cette grande épopée : celle de la fondation même de l’école polytechnique du Bardo en 1840, qui renvoie à la modernisation de l’armée et de l’Etat, et la seconde, infiniment plus culturelle à savoir, la fondation du Collège Sadiki par Kheyreddine, père du réformisme tunisien en 1875. Si la première est bien réelle, ses conséquences étaient désastreuses pour les équilibres financiers de l’état, d’où la montée des pressions fiscales génératrices de tant de révoltes et de frustrations. Quant à la fondation du collège Sadiki, elle constituait un tournant durable dans le projet réformiste puisqu’il a perduré en devenant une force d’exemple qui inspira le modèle même de société ouverte, après l’indépendance.

La construction même du discours sur la mémoire nationale ou sur l’histoire nationale est nécessairement une reconstruction continuelle qui obéit à des exigences actuelles, dont il faut être conscient afin que le discours participe de l’actualisation enrichissante et utile de l’histoire même.
Je m’explique, en procédant à cette démarche partant du présent.

La société civile a son histoire aussi

Tout le monde ou presque est unanime à affirmer aujourd’hui que la société civile organisée assume un rôle d’avant-garde dans la défense de la mémoire nationale collective, tout comme la défense du modèle de société tel qu’il a été façonné par notre histoire contemporaine. Il ne faut pas beaucoup d’arguments pour confirmer cette vérité. Nous l’avons tous perçue et vécue dans les rues et sur le terrain de l’action sociale et politique, de la défense des acquis de la femme tunisienne à la défense de l’UGTT, en passant par la dénonciation de la violence et la sauvegarde de notre mémoire. La société civile a réussi à se constituer en véritable pôle de défense et d’initiative rétablissant un équilibre bénéfique et poussant la classe politique entière à compter désormais avec.

Sous cet angle, l’histoire nationale mérite d’être revisitée pour mieux apprécier ce rôle reconnu aujourd’hui à la société civile et qui fut souvent négligé ou sous-traité auparavant au profit de la primauté du politique sur le sociétal.

Or le mouvement national n’a réussi à incarner véritablement la conscience de toute la nation ou l’expression de la conscience organisée de la société que lorsqu’il s’est adossé à une large base sociale organisée dans les villes et villages de Tunisie. Ce tournant historique que nous situons vers les années 1930 n’a été possible qu’à la suite des transformations culturelles et sociales connues par la société et dont la principale conséquence fut le maillage associatif qui a reconfiguré le territoire et la société d’époque. En effet, des dizaines d’associations culturelles, littéraires, artistiques, sociales, caritatives et éducatives ont vu le jour à côté de la montée du mouvement ouvrier syndical et des premières formes d’organisation des corps de métiers et des agriculteurs. Ce réseau associatif favorisé par la mobilité des gens et des idées a participé avec vigueur à l’encadrement de la jeunesse et la diffusion d’une nouvelle conscience de soi et de l’idée nationale. La Nation tunisienne est bien née dans les cercles des associations, du théâtre, de la poésie et de la presse, du scoutisme et du sport, avant de s’épanouir dans les partis politiques et les organisations syndicales.

Le groupe «Taht Essour» reste l’expression la plus éclatante de cette nouvelle génération de lettrés issus de tous les milieux et de toutes les régions, formés à la Zaïtouna, au Sadiki ou à la Khaldouniyya mais consciente que l’ère est à l’innovation et à l’imaginaire créatif.

Ce génie culturel tunisien préside à la genèse même du génie politique. Le leadership de Bourguiba acquis avec persévérance et endurance, devait beaucoup à cette filiation générationnelle qui rattache les nouvelles élites politiques et culturelles aux mêmes valeurs et sources philosophiques et humanistes modernes, même si les tactiques et pratiques des uns et des autres n’ont pas toujours été en parfaite harmonie.

La seconde vérité qui ressort de cette lecture, concerne l’extrême pluralité et diversité de ces nouvelles élites quant aux classes et territoires d’orgines. Issus des milieux populaires ou des classes moyennes, citadines ou provinciales, ces nouveaux acteurs de l’espace public venaient de partout, du Djerid comme d’el Hamma et Métouia, du Sahel comme de Bizerte, enfants de riches et enfants de pauvres, de langue arabe ou parfaitement bilingues, ouvriers, artisans ou petits fonctionnaires. Le territoire a offert généreusement ses enfants à la Patrie, dignement représentée par cet espace de brassage qu’était la Hadhira, Tunis, qui libérait les énergies individuelles et mettait en synergie ces nouvelles forces qui bousculaient avec succès les archaïsmes et anciennes hiérarchies. Chebbi, Haddad et Bourguiba côtoyaient dans le même espace, syndicalistes et journalistes, avocats et médecins français ou tunisiens et s’appropriaient l’espace public avec ses normes nouvelles, en se tournant vers l’avenir et en comptant sur ces forces sociales nouvelles qui font irruption en se débarrassant des cadres caduques de l’ancienne société. C’est ainsi que le néo-destour de Bourguiba comptait déjà plus de 100 mille adhérents en 1937 alors que le vieux destour, pourtant auréolé de son prestige historique, ne comptait plus à la même époque que quelques milliers de sympathisants.

Sans société civile agissante et entreprenante, point de nation et point de mouvement national triomphant, telle es la vérité qui ressort de ce regard rapide sur le passé.

L’histoire rejoint ainsi les préoccupations du présent et conforte des choix nécessaires de l’avenir.
L’Etat national, avec ses choix développementalistes, sa vocation tutélaire et dirigiste, en optant pour la forme hégémonique de l’Etat-nation, en subordonnant la société civile aux exigences du politique, a fini par absorber la société civile en l’insérant dans un tissu de dépendances et d’obédiences dont elle ne sortira que diminuée.
L’écriture officielle de l’Histoire nationale, si écriture officielle il y a, s’en est ressentie. Des années durant l’histoire écrite a toujours privilégié les deux composantes du mouvement national : le Destour et le syndicalisme tunisien. Ce n’est que tardivement, vers les années 1990, que l’intérêt d’une histoire plus large incluant le rôle et les apports du mouvement associatif se fait jour.

La société civile tunisienne, au sens large culturel et social, constitue un fait historique majeur, son actualité et sa vitalité montrent à quel point elle doit occuper la place qui lui échoit dans la conscience et la mémoire.
Les batailles à venir vont confirmer ce rôle non seulement dans la construction d’une société démocratique capable de résister à toutes les dérives possibles, mais aussi de réparer la mémoire nationale, de l’enrichir et de l’inscrire dans la durée. Parmi ces batailles, celle de rectifier ce fameux projet de loi sur la justice transitionnelle, que nos élus, toutes tendances confondues, ont voté sans même se rendre compte (même si beaucoup le savent) qu’ils humilient par là la conscience de tout un peuple en rendant cette justice exécutoire à partir de juillet 1955, c’est à dire avant même l’indépendance et l’établissement de l’Etat National. Peut-être que l'on cherchait à signifier par cet acte qu’ils étaient capables de voter des lois caduques parce qu'inapplicables, juste pour régler des comptes avec un passé qu’ils n’ont su ni comprendre ni assumer.

A.L.

 

Tags : chokri belaid   Tunisie