Une semaine cruciale pour la démocratie en Tunisie
L’Assemblée nationale constituante entame à partir de ce lundi le débat général sur deux projets de loi très importants : la Loi électorale et la création de l’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des lois, à charge pour les élus d’adopter les deux textes article par article, au plus tard le 27 avril, soit trois mois après l’adoption de la constitution comme il est stipulé. Les discussions en commission a permis d’arriver à un consensus sur la majorité des articles, mais les divergences restent nombreuses, notamment à propos de l’article 21 de la Loi électorale qui reprend mot pour mot l’article 15 du décret-loi du 2 aout 2011 relatif à l’inéligibilité des cadres de l’ex RCD dans le but «immuniser la révolution». Un thème récurrent depuis trois ans dont certains partis ont fait leur cheval de bataille. Ce fut le cas du CPR et de ses dérivés (Wafa, Courant démocratique) et d’Ennahdha.
Or, depuis quelques mois, on a assisté à une véritable recomposition du paysage politique. Ennahdha a rejoint le camp des adversaires du projet de loi, soutenant que «la révolution doit s’auto-immuniser», alors que d’autres formations qui étaient hostiles y sont maintenant favorables comme Ettakattol, l’Alliance démocratique et même El Joumhoury . Un dénominateur commun à tous ces partis : Ils ont leur propre candidat aux élections présidentielles et aspirent à jouer un rôle important d essentiellent dans la vie politique. N’ayant pas les moyens de leurs ambitions, ils cherchent à éliminer leur principal adversaire, Nidaa Tounès. La disparition de ce parti qui constitue quoi qu'ils disent leur cible privilégiée, ou son affaiblissement, ce sont en perspective des centaines de milliers de voix qui se retrouveraient en déshérence, prêts à être cueillies.
A défaut d’avoir réussi à immuniser la révolution, soit du fait de leur incompétence dans la gestion des affaires de l'Etat, soit parce qu'is ont été incapables de créer des partis d'opposition forts, bénéficiant de l'appui de larges couches de la population, ils veulent s’immuniser d'un éventuel échec, pour se prémunir d’un danger improbable. Il n'y a que le Bon Dieu qui soit capable ressusciter les morts. A moins que l’on prenne les Tunisiens pour des gens mineurs.
Dans cette grisaille, il y a pourtant un coin de ciel bleu, le Dialogue national qui reprend ses réunions après deux mois d'interruption. Parviendra-t-il à trouver les consensus qu'il faut, comme il il l'a fait quand il s'est agi de dénicher l'homme idoine pour diriger le gouvernement de compétences, alors qu'on s'acheminait vers une grave crise ?
Mustapha