Corruption, un mal qui n'arrive pas qu'aux autres!
Plus de 3 ans après la révolution, les difficultés financières de l’Etat sont plus graves que jamais et nous continuons dans le discours à encourager l’investissement direct étranger d’est en ouest, alors que légalement, le nouveau code d’investissement et le projet de loi PPP n’ont pas encore été votés à l’ANC et que l’éthique et l’environnement des affaires ne s’améliorent guère à en juger par le classement de la banque mondiale ci-dessus, établi fin 2013.
En 2013, une transaction sur 4 en Tunisie aurait fait l’objet d’une corruption. Ralentir les transactions serait-il devenu une source de revenu significatif pour certains agents et une façon maîtrisée d’avancer plus vite pour d’autres? Ces pratiques mauvaises a priori seraient-elles devenues normales pour nos citoyens?
Certes, nos transactions seraient moins corrompues que celles de nos frères algériens ou turcs, mais elles restent deux fois plus corrompues que celles des malaisiens, mauriciens, libanais ou marocains, légèrement derrière celles des brésiliens!
Nous comprenons mieux malgré les efforts de nos gouvernants et lobbyistes économiques pourquoi un investisseur étranger devant choisir rationnellement entre le Maroc et la Tunisie aurait plus de chances d’aller au Maroc malgré un coût du travail moindre en Tunisie ! Il serait plus rassuré sur l’accomplissement du travail et il serait deux fois moins soumis à la corruption!
Outre la constitution votée à 200/216 qui nous engage à lutter contre le mal, aurions-nous pris des mesures concrètes pour réduire à défaut d’éradiquer la corruption et remettre la Tunisie a minima au niveau du Maroc dans l’un des prochains classements de la banque mondiale pour l’évaluation du climat d’investissement? Quelles mesures, sous la responsabilité de qui, pour quel résultat et dans quels délais?
Outre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, l’administration et la société civile (syndicats de travailleurs et de patrons, associations…), les partis politiques et les médias ont également un rôle à jouer dans la sensibilisation de l’opinion publique et l’amélioration du climat d’investissement notamment sur le plan éthique.C’est l’affaire de tous et c’est vital, notamment pour une révolution de la dignité.
Malheureusement, nous sommes davantage préoccupés par qui va gagner les prochaines élections sans se soucier de ce qu’il va faire du pouvoir durant 5 ans une fois qu’il l’aura gagné!
Serions-nous inconscients qu’avec le temps qui passeles réformes structurantes seraient de plus en plus compliquées à engager et de plus en plus difficiles à financer? Serions-nous irresponsables de ne rien faire alors que nous sommes conscients des risques de dérive irréversible de notre société?
Si nous continuons à ne pas redresser cette image déplorable pour toute une nation, nous aurons épuisé le reste de notre capital confiance à l’international. Avec moins de crédibilité, nous aurions plus de difficultés à emprunter de quoi financer notre développement et nous n’aurions peut-être même plus des garants!
Sans alarmisme, si nous voulons éviter de donner du crédit à ces hypothèses noires, mieux vaut agir vite, dans l’intérêt de la nation.
Mounir Beltaifa