Zitouna Takaful: Les débuts prometteurs de l'assurance islamique

Zitouna Takaful est la première compagnie tunisienne d’assurances selon les normes de la finance islamique. Créée au lendemain du 14 janvier 2011, elle est partie avec trois  handicaps: les conditions exceptionnelles postrévolutionnaires, le rôle de pionnier pas toujours aisé et la situation  économique et financière difficile du pays. 

Pourtant, elle a réussi son démarrage. Bien qu’elle ait débuté ses activités en cours d’année, ce qui est handicapant pour une société d’assurances, elle a pu gagner 1% du marché en 2013 et prévoit de multiplier cette part par 2,5 en 2014. Ce qui constitue une «belle performance»,  selon son directeur général, M. Makrem Ben Sassi, qui nous a accordé une interview de son bureau au dernier étage du siège flambant neuf donnant sur l’Ambassade des Etats-Unis.

Monsieur le Directeur général, pouvez-vous nous présenter Zitouna Takaful?

• Zitouna Takaful s’inscrit  dans la continuité de la finance islamique introduite en Tunisie par la Banque Zitouna. D’autres pays nous ont devancés dans ce domaine, y compris  des pays non islamiques comme l’Angleterre ou la France. L’intérêt de cette nouvelle finance c’est de pouvoir répondre à la demande d’une clientèle ayant des convictions particulières. La diversité ne peut être qu’une source d’enrichissement. Car la diversité permet d’offrir des choix multiples. Beaucoup de Tunisiens étaient en effet réticents à adhérer à l’assurance conventionnelle. La finance islamique nous donne la chance de proposer des produits conformes aux prescriptions islamiques. Mais sa création s’est déroulée dans des conditions postrévolutionnaires exceptionnellement difficiles. Rappelez-vous en février 2011, la visibilité ne dépassait guère quelques jours.

Etes-vous satisfait du démarrage?

• S’agissant d’un produit nouveau, il faut un surcroît d’effort pour en assurer la vulgarisation, le faire connaître. Mais les prémices portent à l’optimisme. L’industrie de l’assurance a de beaux jours devant elle. Sa contribution au développement économique et social est indéniable. Le taux de pénétration dans notre pays n’est que de 1,9%. Le taux moyen dans le monde est de 8,5%, alors qu’il est de 15% dans les pays développés. Comme vous le voyez, il y a une marge formidable pour son expansion. Il y a un gros potentiel à explorer pour le présent comme pour le futur.

Qu’offre Zitouna Takaful à sa clientèle?

• Nous offrons toute la gamme des produits de l’assurance selon les normes de la finance islamique. Il a fallu, dans une première phase, bien installer le produit que nous offrons et lui réunir toutes les conditions favorables. Il a fallu cultiver la confiance qui est le moteur essentiel dans la relation entre notre compagnie et ses clients.

Comment se présentent les perspectives d’avenir?

• Comme je l’ai dit, il y a un énorme potentiel à améliorer dans le secteur des assurances. Il nous faut entreprendre de grands efforts pour faire de l’assurance un secteur capteur de l’épargne. Dans le monde développé, c’est l’épargne qui accapare 60% contre 40% pour les risques et dommages, alors que chez nous les taux sont inversés : seulement 20% pour l’épargne et 80% pour les risques et dommages. En Tunisie, il y a aussi un énorme gisement dans le domaine de l’épargne-retraite complémentaire. Il nous faut une vision stratégique pour mieux anticiper le futur.

Comment se présentent pour vous les exercices 2013 et 2014?

• En 2013, nous avons pu capter à Zitouna Takaful 1% du marché, ce qui est une belle performance pour un produit nouveau dans les conditions financières et économiques difficiles dans lesquelles se trouvait le pays. En 2014, nous comptons multiplier par 2,5 notre part de marché. C’est jouable.

Quid de la réassurance?

• Notre réassurance se fait aussi selon les normes de la finance islamique. Comme pour l’assurance, un Comité charaïque présidé par l’ancien mufti de la République, le Cheikh Mokhtar  Sellami, une autorité en la matière mondialement reconnue, y veille scrupuleusement.