Rien n'est plus urgent que les élections municipales! la preuve par Bizerte...
M. Mehdi Jomaa a déclaré que si les touristes scandinaves répugnent à venir chez nous, c’est parce qu’ils fontdes réserves sur la propreté de notre pays et que les endroits nettoyés retrouvent rapidement leur situation antérieure. On peut facilement vérifier les dires du Chef du Gouvernement à Bizerte et spécialement à la Corniche où les déchets végétaux des jardins ont une âme de Phénix : dès qu’ils sont ramassés, ils renaissent de leurs cendres!
Mais, les choses ne s’arrêtent pas là, hélas!
Car les Barbares sont à Bizerte! Oui, ils ont osé taguer le sabil de Youssef Dey, face au Vieux Port, cette belle fontaine (qui ne coule malheureusement plus depuis longtemps) que l’on doit au talent d’Ali Ibn Disim El Andalousi qui en a conçu la magnifique décoration en marbre noir et blanc en 1632 (1042H). Le poème à la gloire du dey bienfaiteur, calligraphié en beau thoulouthi sur ce monument, sonne aujourd’hui on ne plus faux quand on lit ce vers :
«Grâce à lui, Bizerte est devenue agréable à contempler»
Agréable Bizerte, avec ce provisoire marché aux poissons qu’on vient d’installer sur le parking de Dribat Dar El Miaoui, de l’autre côté de la rue par rapport au sabil? Laissez- moi rire…jaune!
Un marché, cette immonde structure de tubes métalliques? Non. Une installation de bric et de broc, qui sue la misère et insulte le passant, obligé de patauger dans des eaux indéfinissables. Un «marché» brinquebalant d’étals dégoulinants. Des tôles ondulées qui rappellent les favelas ou les marchés subsahariens les plus pauvres… avec les inévitables containers à ordures non couverts, hébergeant des nuées de mouches et dégageant d’écœurantes odeurs …qui vous font prendre vos jambes à votre cou, vous ôtant toute envie de poisson.
Bien sûr, on nous dit que c’est une installation provisoire - quatre mois (Inchallah!) - pour permettre la réfection du marché aux poissons de la Piaça. Lequel en avait rudement besoin. D’accord! Mais, on aurait pu faire mieux que cette horrible verrue de tôle ondulée et de toiles en plastique installée au beau milieu de la ville. Espérons maintenant que les touristes scandinaves de M. Jomaa - et les autres - ne passeront pas par là… Quant aux Bizertins – et tous les Tunisiens - il ne leur reste plus qu’à réclamer pour qu’enfin soient installées des municipalités élues.
Les Barbares, non contents de défigurer le sabil de Youssef Dey, sévissent aussi dans les rues de la ville… Grimés en automobilistes, ils violent allègrement priorité, sens interdits, dépassements. Et stationnent sur les trottoirs, contraignant les piétons à de dangereuses contorsions. Sans la moindre considération pour les piétons- même sur les passages protégés. Comment autorise-t-on l’ouverture de supermarchés sans leur imposer d’avoir un parking? Où sont les architectes, les ingénieurs et les urbanistes de notre municipalité? Voyez ce qui se passe devant la supérette de la Corniche ou devant les deux supermarchés de l’Avenue Bourguiba? Le chaos est à son comble et les risques d’accrochage permanents. La circulation à Bizerte est anarchique - je pèse mes mots. Les trois ou quatre feux de circulation de la ville sont erratiques. Ils fonctionnent quand cela leur chante et certains sont défunts depuis des lustres - comme celui d’Aïn Marièm. Le weekend notamment, la circulation sur la route du front de mer de la Corniche subit une thrombose généralisée d’autant que la Route Panoramique qui la double est bordée de gravats et riche en nids de poule. La situation se présente ainsi en ce joli mois d’avril. Qu’arrivera-t-il ce Ramadan et quand débarqueront cet été nos frères émigrés et les touristes algériens et libyens? Sans parler de la mise en service de la marina! Ni du cauchemar des deux roues!
Il faut absolument que M. le Président de la Commission Spéciale et ses collègues fassent quelque chose avant l’été! C’est urgentissime notamment autour du Vieux Port, de l’Avenue Bourguiba et au pont de Sidi Salem! Les Bizertins sont unanimes : les Barbares ne doivent pas prendre possession de leur belle ville, consacrée «ville-jardin» en 2009, il y a de cela…cent ans!
Les Barbares grimés en automobilistes se rencontrent aussi à la sortie et à l’entrée du pont mobile. Là règne une seule et unique loi : celle de la jungle. JE te pousse et JE passe! Sous le regard indifférent des agents - côté Zarzouna.
Comment oublier dans cette triste litanie la médina, la vénérable médina avec la Grande Mosquée, son minaret octogonal et le mausolée de Sidi Mostari, le saint patron-protecteur de la cité? Aujourd’hui, cette médina souffre, ombre d’elle-même, assassinée par les marchands de fripes et de roba vecchia… Les mânes des nattiers, des ébénistes, des forgerons, des armuriers, des épiciers de ma lointaine jeunesse ne hantent même plus ces lieux dégradés où les ordures serpentent sans fin le long de la rue des Menuisiers, de la rue des Armuriers et de Souk el Attarine. Le cœur se serre à la vue de l’état du Mausolée de Sidi Gaâgaâ (construit par l’agha Belkahia en 1111H) et de ses beaux fers forgés en ruines, exclusivement fréquenté par les matous et dont l’entrée est pratiquement obstruée par les ordures accumulés!
A l’heure où l’ANC disserte sans fin sur les élections présidentielles et législatives, face à la dégradation continue du tissu urbain, il est évident que les élections municipales doivent se tenir de toute urgence si on veut améliorer l’image du pays aux yeux du touriste mais d’abord pour l’équilibre mental et la santé de nos concitoyens.
Mais nos honorables députés, obnubilés par les jeux enivrants de la «Boulitique», consentiront ils à descendre des hauteurs de l’Olympe- la Coupole du Bardo- pour soulager les maux des pauvres humains que nous sommes? Ou faudra-t-il que Jupiter - le peuple en fait - utilise la foudre pour les amener à fouler le plancher des vaches et à s’occuper des lancinants problèmes qui empoisonnent la vie du Tunisien?
M. Jomaa, pour les touristes scandinaves et pour tous les Tunisiens, usez, s’il vous plaît, de vos talents et des pouvoirs que vous confèrent la loi pour persuader nos députés, le Quartet, le Président et le Dr Ben Jaâfar que ces élections sont nécessaires.
Vite!
Le pays suffoque!
Mohamed Larbi Bouguerra