ONU: Brahimi démissionnaire. Morjane a-t-il des chances de lui succéder?
Lakdhar Ibrahimi, médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, vient de jeter l’éponge. Agé de 80 ans, le diplomate algérien quittera ses fonctions d’ici fin mai 2014, bien qu’il soit «très triste de quitter son poste et la Syrie dans une si mauvaise situation». Blasé par le blocage de la situation et l’impossibilité d’aboutir au moindre compromis entre les deux parties tout au long de ces trois années sanglantes pour la Syrie, sa décision a été précipitée par la tenue des prochaines élections présidentielles, prévues le 3 juin prochain. Pas de doute ni de suspense quant à l’issue du scrutin. Même s’il doit affronter deux autres candidats, Bachar El Assad, le président sortant, sera réélu.
Lors d’une conférence de presse, Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l’ONU, s’est également dit désolé de cette démission : «C'est avec un profond regret que [...] j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi» et n’a pas manqué de rendre hommage à la patience et à la persévérance lors des missions qualifiées de «presque impossibles» qui lui étaient confiées, notamment lors des pourparlers de Genève qui n’ont pas abouti à cause de profondes divisions et divergences d’opinions entre les Américains, soutiens de l'opposition et des Russes, principaux alliés du régime.
L'icompréhensible attitude des autorités tunisiennes
Mais qui remplacera Brahimi. En réponse aux journalistes, M. Ban Ki-Moon a répondu : « Laissez-moi du temps pour trouver la personne qui convient ».I l aura l'embaas du choix. Car on se bouscule au portillon et il est bien difficile pour le moment se prédire qui de Kevin Rudd (ancien premier ministre australien), Javier Solana, (ancien secrétaire général du Conseil de l'Union Européenne) et Sigrid Kaag, (diplomate de l'ONU qui dirige la mission pour la destruction des armes chimiques de la Syrie) ou Kamel Morjane sera choisi. Le Président du parti "Al Moubadara " qui a intégré l’ONU en 1977 et y a assumé de hautes responsabilités avant de devenir Ministre de la Défense puis des Affaires Etrangères sous Ben Ali s’est d’ailleurs rendu tout récemment à New York pour y rencontrer de hauts responsables de l’ONU et participer à des commissions spéciales liées au dossier syrien. Son seul handicap, c'est que sa candidature est loin d’être appréciée du côté de Carthage. Selon des diplomates tunisiens et européens, les autorités tunisiennes ont effet rejeté son éventuelle nomination au poste de médiateur. Face à ce refus, Ban Ki-moon a adressé une réponse officielle à Mongi Hamdi, actuel Ministre des Affaires Etrangères, pour y préciser que les Nations Unies n’avaient guère besoin de l’aval de la Tunisie et de son président pour la nomination de Kamel Morjane à ce poste. Il a également indiqué que c’est l’ONU qui a sollicité le diplomate tunisien pour cette mission et non le contraire avant de conclure que cet ancien haut fonctionnaire des Nations Unies jouissait d’une excellente réputation au sein de l’organisation onusienne ainsi que d’une longue expérience au sein du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).
Quant à Brahimi; il aurait été sollicité pour occuper le poste de vice-président de la République algérienne.