Pourquoi ne pas faire jouer les rencontres sportives interarabes à huis clos ?
Question à un million de dinars: pourquoi les rencontres sportives opposant des équipes arabes à des équipes étrangères se déroulent, généralement, dans le respect de l'esprit sportif et même dans une ambiance bon enfant (les supporters des équipes sont souvent entremêlés sur les gradins) alors que celles opposant des équipes arabes entre elles dégénèrent dans les disciplines à risque surtout (handball, basketball et surtout football), bien qu'elles soient, généralement, placées sous haute surveillance. Comme les incidents ne débordent jamais ou, rarement, le cadre sportif, on a fini par en prendre son parti, mettant, notamment, ces incidents sur le compte de la rivalité somme toute naturelle entre des pays voisins.
Certes, on eu quelques alertes par le passé, par exemple à l'occasion des Jeux Arabes qui s'étaient déroulés en Jordanie, il y a quelques années... où des coups de feu avaient été échangés entre supporters. Mais on avait préféré jeter un voile pudique sur ces évènements d'autant plus qu'ils n'avaient pas fait de victimes et qu'ils avaient été, très vite, circonscrits. Cela n'a pas été le cas le 18 novembre dernier à Khartoum lors du match d'appui opposant l'Egypte et l'Algérie, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde. Pour la première fois, les incidents ont entraîné le rappel des ambassadeurs "pour consultations", une campagne de presse d'une violence inouie et une guerre des images et des ondes (surtout du côté egyptien) qui ne sont pas sans rappeler celles que déclenchait l'Egypte nassérienne dans les années 50 et 60 contre certans pays arabes.
Un différend qui ne profite qu'à nos ennemis
On n'est pas loin d'une crise majeure. Israël a le beau rôle: il observe de loin et compte les coups. Pour donner le change, il appelle... les deux parties à la retenue!!! La Ligue des Etats Arabes qui avait là une occasion en or pour justifier sa présence est restée étonnamment silencieuse. Le plus grave, c'est que l'escalade continue. Alors que du côté algérien, on a su raison garder, sur les rives du Nil, les chaînes satellitaires privées et les journaux de caniveau (on saluera au passage la retenue des chaînes officielles) s'en donnent à coeur joie, multipliant les provocations et les fausses nouvelles, provoquant, ainsi, dans le pays et dans le reste du Monde arabe une véritable psychose. Résultat: l'Egypte vient de demander le report à l'été prochain des Championnats d'Afrique de Handball auxquels participe l'Algérie, prévus pour le mois de janvier 2010 au Caire alors qu'en Libye, les demi-finales de la Coupe d'Afrique du Nord se sont jouées à huis clos pour éviter d'éventuels débordements.
Eviter les querelles subalternes
N'essayons pas de nous cacher derrière notre petit doigt. La pratique du sport a cessé d'être depuis longtemps une simple activité physique. Si c'était le cas, les pays n'y auraient pas investi des sommes énormes au double plan de l'infrastructure et de la formation des athlètes. Le football, notamment, est devenu un véritable phénomène social draînant, partout les foules et brassant des dizaines de milliards de dollars. Il ne faudrait pas, cependant, qu'on ferme les yeux sur ses dérives, mais au contraire les combattre avec la dernière énergie. Dans les années 70, on avait fait des gorges chaudes à propos du conflit armé entre le Honduras et le Salvador, provoqué par un match de football entre les deux pays. Malheureusement, le monde n'est pas totalement à l'abri d'évènements aussi ridicules et irrationnels soient-ils.
C'est particulièrement vrai dans nos pays où les passions s'exacerbent facilement, nous entraînant vers des réactions dont nous serions, plus tard, les premiers à en rire. Les pays arabes que tant de liens unissent ne peuvent pas, aujourd'hui, se payer le luxe de disperser leurs efforts dans des querelles subalternes qui risquent de les détourner des véritables défis auxquels ils doivent faire face. Il y a quelques jours, l'Irlande avait perdu son match contre la France suite à une grossière errreur d'arbitrage sans que celà provoque le moindre incident malgré l'importance de l'enjeu et les excuses de l'auteur du but qui est allé jusqu'à demander à la FIFA de faire rejouer le match.Si nous sommes incapables de faire preuve de fair play, pourquoi ne pas faire jouer les rencontres mettant aux prises des équipes arabes dans des compétitions internationales à huis clos et dans la foulée, annuler les compétitions sportives interarabes dans les disciplines à risque. Nous avons déjà fort à faire avec nos championnats nationaux et les compétitions internationales et continentales auxquelles nous sommes tenus de participer.
Hedi