Quand Nidaa Tounès désespère ses militants
On avait cru que la décision de l’instance exécutive de Nidaa Tounès de convoquer un congrès constitutif pour le 15 juin prochain allait mettre un terme à la crise qui secouait le parti depuis le fameux meeting de Sfax. C’était aller vite en besogne. Moins de 24 heures après, des voix se sont élevées pour dénoncer cette décision qu’elles n’hésitent pas de qualifier d’illégale. N° 3 du parti après Béji Caïd Essebsi et Taïeb Baccouche et proche collaborateur du fondateur de Nidaa Tounès depuis trois ans, Ridha Belhaj n’a pas mâché ses mots lundi sur Mosaïquefm en proclamant son refus de la tenue de ce congrès dont il attribue l'initiative aux «séditieux». «Tout se passe comme si cette décision a été mijotée longtemps à l'avance pour nous mettre devant le fait accompli, puisque le matin même de la tenue de la réunion de l'instance exécutive, le journal Alchourouk révélait l'information», précise Ridha Belhaj. Il ajoute qu'il n'assistera pas au congrès du 15 juin, d'autant plus qu'il intervient selon lui au plus mauvais moment, alors que toutes les instances de Nidaa sont occupées par la préparation des élections. Il ménage néanmoins Béji Caïd Essebsi «qui a suffisamment de sagesse pour revenir sur la décision de convoquer ces assises».
Que dire de cette énième crise au sein de Nidaa Tounès sinon qu'elle désepère des millions de Tunisiens qui ont cru en ce parti et son président comme en témoigne son ascension fulgurante depuis sa création il y a juste deux ans. Nida a réussi parce qu'il était le parti qui ressemblait le plus aux Tunisiens, parce qu'il reflétait la diversité de la société tunisienne. Aujourd'hui, il est menacé d'implosion. Sa disparition serait catastrophique non seulement por ses militants, mais pour l'avenir de la démocratie de la Tunisie. Ceux qui craignaient la bipolarisation pourraient la regretter, demain si, à dieu ne plaise, on se retrouvait avec un parti dominant comme au lendemain des élections du 23 octobre 2011. Et tout cela pour des divergences non pas essentielles, mais subalternes, parce qu'il s'agit de querelles de chefs à l'égo surdimensionné.
Mustapha
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