Banques islamiques, un vrai appui à la croissance économique
Les banques islamiques sont des établissements financiers qui fonctionnent selon des critères religieux respectant la Chariâa.
Bien avant l’apparition des nouvelles banques islamiques «modernes», quelques propositions théoriques ont commencé à apparaitre depuis les années trente au Pakistan et en Malaisie, et quelques années après en Egypte, où un projet-banque fut créé, «Meit Ghamr» et qui fut saisi par l’Etat égyptien pour des raisons politiques.
Au milieu des années 70, la première banque islamique a été créée, il s’agissait de la Dubaï Islamic Bank boostée par une initiative privée.
Cette suite d’événements a poussé les Etats membres de l’Organisation de la Conférence Islamique à adopter la création de la Banque Islamique de Développement (BID), et dont l’officialisation a été prononcée en 1975. Utilisant des techniques de finance islamique, la BID avait pour vocation d’apporter son aide au développement, lutter contre la pauvreté et financer certains projets sociaux et certaines infrastructures.
La BID comporte 56 membres actuellement.
La création de cette organisation a été suivie par l’apparition d’autres banques dans un premier lieu, telles que la Kuwait Finance House et la Bahrein Islamic Bank, et groupes financiers, dans un second lieu, tels que Dar Al-Mal Al-islami et Al-Baraka, et depuis ce temps là, plusieurs autres banques ont continué à naître à un rythme encore plus élevé, voire exponentiel.
Ce bref rappel historique témoigne de l'évolution rapide ce secteur. En effet, le total des actifs gérés par la finance islamique s’élevait à 200 milliards de Dollars US en 2001, et à 750 milliard en 2007 ; selon un rapport de 2012 de l’Islamic Finance Working Group (IFWG) de la Toronto Financial Services Alliance, les actifs des 500 plus grandes banques islamiques dépassent désormais le milliard de dollars ;
Bien que ces banques soient concentrées pour la plupart au Moyen Orient et en Asie, on notera la multiplication de leur nombre dans l’occident et en particulier en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, qui totalisent près de 6 millions de musulmans cherchant des services financiers conformes à leurs convictions religieuses.
Les banques islamiques ont permis de brasser des sommes importantes. Ces fonds émanent essentiellement des investisseurs du Golf et d’une épargne qui a refusé auparavant de participer à des institutions financières à «intérêts».
La viabilité des institutions financières est un gage de garantie pour une économie en croissance continue. En effet, dans des pays à faible revenu, tel le notre, la qualité institutionnelle semble être un déterminent fondamental du développement économique: «les techniques mises en œuvre par les intermédiaires financiers tendent à relever le niveau de l'épargne et de l’investissement et à repartir plus efficacement les épargnes rares entre différentes occasions d'investissement» disent-ils.
Aussi, l’efficacité des banques islamiques et la compétitivité de leurs produits offerts par rapport «au marché», ont rapidement fait de ses institutions des cartes maitresses du schéma financier tunisien.
L’appel à l’intégration de la finance islamique en Tunisie a été ouvert depuis une dizaine d’années ; Cependant, il n’est pas opportun de trop revenir en arrière pour chercher les motivations qui ont poussé à la création de la première banque islamique tunisienne. Le vrai discours portant sur ce sujet a été annoncé par le parti au pouvoir à référence religieuse soutenu par des fonds des pays du Golf.
Le mouvement associatif, telles que, l’association tunisienne de la finance islamique, inspirée d’une expérience marocaine et Le Conseil de la Finance Islamique de Tunisie, fondé par des avocats, des hommes d’affaires, des experts comptables et des banquiers, tous de grande renommée, traduit cette volonté de familiariser l’opinion publique avec les notions de la finance islamique et d’intégrer ces outils dans le système financier tunisien.
Dans ce sens, l’intégration au niveau de la loi de finance de 2014 d’un chapitre traitant des Sukuks islamiques. Cet outil similaire aux obligations, connait en effet, une présence très active dans la plupart des pays musulmans et commence à se répandre dans les pays occidentaux.
Le recours à un tel marché, appuyé par la loi de finances, permettrait à l’Etat de financer le budget pour l’exercice 2014 et encore davantage pour ceux à venir.
Hachmi Kraiem