Les frasques du mufti
Le mufti de la République ne cesse de défrayer la chronique. Après la fameuse phrase «Je suis le représentant du prophète» qu’il s’est empressé de démentir devant le tollé provoqué par sa déclaration, il vient d'exprimer ses regrets «de la fermeture de la mosquée Zitouna» qui serait à l’origine de la montée du terrorisme. Par fermeture de la Zitouna, il entendait certainement la suppression de l’enseignement zitounien traditionnel en 1958. Or Bourguiba voulait seulement réformer cet enseignement fondé sur les méthodes mnémotechniques, devenu complètement obsolète de l'avis même des oulémas de la grande Mosquée, comme le Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour. Et c'est ce que l'ancien président a fait en créant l'université Zitouna au début des années 60.
S'il faut trouver un responsable au phénomène du terrorisme, c'est bien la déliquescence de l'Etat et l'impunité dont les mouvements terroristes ont bénéficié au cours des trois dernières années. En revanche, ce qu'on peut reprocher à Bourguiba et à son successeur, c'est d'avoir marginalisé cet enseignement et négligé la formation des prédicateurs, si bien que les autorités se sont vu obliger de faire appel à des pays étrangers, l'humiliation suprême pour le pays qui a vu naître Sahnoun et Ali Ben Ziad.
A noter que le mufti dont on n'a pas entendu une seule note discordante sous Ben Ali s'est fait remarquer, tout récemment, par ses critiques contre l'avortement.