News - 06.06.2014

Jaloul Ayed, président de la République ou président de la BAD ?

Il a failli être choisi par le Dialogue national pour succéder à Ali Laarayedh à la tête d’un cabinet non-partisan. Beau joueur, Jaloul Ayed a été le premier à féliciter Mehdi Jomaa dès sa désignation à ce poste. Sans désespérer de briguer un jour ou l’autre une haute charge en Tunisie ou à l’international. Le parti Afek Tounès le garde au chaud pour envisager sa candidature à la présidence de la République. Et le voilà présenté officiellement par la Tunisie pour prendre la relève de Donald Kabéruka à la tête de la BAD. Sera-t-il le 8ème président de la première institution financière du continent ?

Cette fois-ci, c’est du solide. Revigorée depuis l'arrivée à sa tête de Mongi Hamdi et la restauration des bonnes pratiques, la diplomatie tunisienne avait raté en 2012 (non de son fait) le poste de directeur général de l'Alecso (Abdellatif Abid, Ettakaotol) et s'apprête à voir échapper celui de l'ASBU. Pour la BAD, elle met tout son poids : un communiqué officiel, des démarches engagées avec les pays membres de la Banque, une tournée dans des pays du continent, à commencer par la visite que doit accomplir le président provisoire de la République à quatre pays subsahariens, à compter du 20 juin courant, mais aussi d’autres initiatives. La publication du communiqué officiel indique clairement que Jalloul Ayed a fait son choix: Abidjan et non Carthage.
 
«Jaloul Ayed est une valeur sûre, affirment ses proches. Son parcours de banquier, à Citibank et la BMCE, d’ancien ministre des Finances, à l’aube de l’indépendance et de conseiller international témoigne de sa compétence. Son talent de compositeur d’opéras prisés illustre une autre facette de sa personnalité. Le tout avec un large carnet d’adresses qu’il avait garni depuis ses années d’études aux Etats-Unis et dans un raffinement relationnel qui en fait un bon diplomate de la Finance ».

Des chances réelles, à consolider

Maintenant, quelles sont ses chances pour la BAD ? Tout dépendra de la capacité de persuasion de la Tunisie. La banque compte 78 pays membres dont 53 africains pays régionaux. Les autres, soit 25 pays membres non-africains et détenant près de 40% des actions, sont européens (France, Allemagne, Royaume Uni, Suisse, Suède, Danemark, Italie, Belgique, Autriche, Espagne…), américains (Etats-Unis, Canada, Brésil…), arabe (Arabie Saoudite, Les Emirats Unis membre du FAD) et asiatiques (Chine, Corée, Inde…). Ce sont leurs représentants désignés en tant que Gouverneurs de la Banque qui procèderont au vote de désignation du président. 
 
Rallier la majorité en faveur de Jaloul Ayed ne sera pas facile, mais guère impossible. La Tunisie est co-fondatrice de la BAD. Mansour Moalla était le pilier du groupe des 9 pères fondateurs qui avaient rédigé les statuts qui ont conduit à sa création le 4 août 1963 à Khartoum (Soudan) par les 23 pays africains nouvellement indépendants, avait décliné la proposition de prendre sa direction comme il l’explique dans ses mémoires. Maamoun Beheiry sera alors choisi pour un mandat de cinq ans (1964 – 1970), mais c’est le tunisien Abdelwahab Labidi qui lui succèdera (1976 – 1979). Depuis lors, la présidence a été confiée aux candidats du Ghana, de la Zambie, du Sénégal et du Maroc. Les considérations de rotation régionale seront-elles prises en compte, tout comme le départ de Tunis ? D’après les principaux pays membres, c’est la compétence du candidat et son programme de relance qui compteront le plus.

Kabéruka : un mandat réussi, mais de grands défis à relever

Elu à Tunis le 21 juillet 2005, Donald Kabéruka a été reconduit le 27 mai 2010, à Abidjan pour un second mandat qui s’achève en mai 2015. En neuf ans, il a su réussir la transformation profonde de l’institution, le renforcement de son efficience et l’engagement de sa décentralisation pour en faire le partenaire privilégié des pays africains. Avec éclat, il a amorcé la célébration de son 50ème anniversaire et avec beaucoup de tact il entreprend en douceur son retour à son siège à Abidjan.
 
Son successeur doit couvrir la période 2015 – 2020 et initier ainsi le deuxième cinquantenaire, non sans grands défis à relever. Le tout premier étant le redressement financier et l’accroissement de sa performance. Jaloul Ayed a de quoi se mesurer à ces grandes priorités. 

Le communiqué du ministère des Affaires étrangère

La Tunisie a décidé de présenter la candidature de M. Jalloul Ayed au poste de Président de la Banque Africaine de Développement pour la période 2015-2020, dont les élections auront lieu le 28 mai 2015 à Abidjan.
Cette candidature illustre l’intérêt particulier que la Tunisie accorde à l’action et aux efforts entrepris par cette importante institution bancaire dans le domaine du développement et de l’intégration économique du Continent Africain, institution que notre pays s’enorgueillit d’avoir accueilli pendant onze ans.
 
Quant au candidat choisi, M. Jalloul Ayed, ancien Ministre des Finances, a une riche expérience dans le secteur financier et bancaire notamment les banques commerciales, les banques d’investissement, les marchés de capitaux internationaux, les capitaux d’investissement et la gestion de grands groupes financiers. Il a également occupé pendant de longues années des postes de responsabilité et de conception stratégique dans des institutions financières de renommée internationale.
 
Le Gouvernement de la République Tunisienne demeure confiant que, de par ses hautes qualités personnelles et professionnelles, l’éminente renommée dont il jouit dans les milieux de la finance internationale, son expertise reconnue et conjuguée à une dimension politique prouvée, ainsi que son engagement indéfectible pour l’évolution du secteur bancaire liée au développement durable, équitable et inclusif, M. Jalloul Ayed est un candidat qui présente les qualités requises, et serait à même de conduire la Banque Africaine de Développement vers de nouvelles réussites, franchissant d’autres caps importants afin qu’elle puisse contribuer à l’acheminement de l’Afrique vers la voie du progrès, de la prospérité et de l’intégration.