La prise de contrôle des mosquées : une bataille perdue d'avance
Une bonne centaine de mosquées échappe encore au contrôle de l’Etat. On incrimine souvent la «mauvaise volonté» du gouvernement. Or ce n’est pas le cas, car la tâche est ardue. Il ne suffit pas de déloger les imams intégristes, il faut aussi leur trouver des successeurs plus modérés et plus compétents. Et c’est là où le bât blesse.
Ce profil n’est pas facile à dénicher et surtout à convaincre d’autant plus que les rétributions ne sont pas suffisamment motivantes au regard des risques encourus. Il est même arrivé que le gouvernement, se fourvoye, soit qu'il n'a pas été suffisamment regardant, soit faute de mieux, en désignant un imam qui s’avère plus extrémiste que son prédécesseur comme celui de ce faubourg de Tunis qui fait l’apologie de la polygamie, appelant les fidèles «à réclamer ce droit que Dieu leur a octroyé». Cet exemple est loin d'être isolé. Tel autre qui officie lui aussi dans une mosquée «sous contrôle» fait carrément de la propagande politique, en demandant aux fidèles d’appuyer les partis «qui sont proches de Dieu».
En fait l’entreprise dans laquelle s’est engagé le gouvernement ressemble au rocher de Sysiphe. Autant dire que la bataille est perdue d'avance. Il faudra sans doute des décennies pour réparer les dégâts provoqués par Ennahdha en deux ans de pouvoir.
Hédi