L'ex-Secrétaire général de l'OCI outsider d' Erdogan à la présidence turque
Contre toute attente, les deux principaux partis de l’opposition laïque en Turquie ont annoncé qu’ils ont décidé de présenter en commun la candidature de l’ex-Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique(OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu à la présidence de la république Turque dont les élections auront lieu en août prochain. Ces deux partis sont le Parti républicain populaire (CHP) laïc de Kamel Ataturk et le Parti d’action nationaliste (MHP) d’extrême-droite.
Ihsanoglu dont on ne dit pas s’il a accepté l’offre aura pour avdersaire, l’actuel premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan grand favori de ces élections. C’est la première fois que les Turcs vont élire leur président au scrutin universel. Auparavant, il était choisi par la Grande assemblée nationale, le parlement unicaméral de Turquie.
Le choix porté par la formation du fondateur de la république Turque laïque moderne sur une personnalité proche des islamistes reflète la façon dont le conservatisme religieux s’est accru dans ce pays de 77 millions d’habitants au cours des dernières années, estiment les observateurs. «Cette proposition est bonne pour notre pays» a déclaré le chef du MHP Devlet Bahceli rejoint par son homologue du CHP, Kemal Kilicdaroglu dans une déclaration commune.
Ihsanoglu, petit fonctionnaire chef d’un centre islamique installé à istanbul a été Secrétaire général de l'OCI basé à Djeddah, qui rassemble les 57 pays à majorité musulmane pendant neuf ans de 2005 à fin 2013, au cours de laquelle il n’a pas réussi à faire adopter par les Nations-Unies une résolution interdisant la diffamation contre l'islam. Né au Caire Ihsanoglu, 71 ans est relativement inconnu du public turc et n'a pas le profil pour s’opposer à homme qui domine la vie politique turque depuis plus d'une décennie, estime-t-on.
"En principe, il est très raisonnable de mettre en avant un candidat conservateur. Mais Ihsanoglu n’est pas l’homme de la situation. Il est si loin de la dynamique de la société politique turque» a déclaré à l’agence Reuters, Ziya Meral, un universitaire turc basé à Londres.
L’actuel chef du gouvernement turc qui ne cache pas ses ambitions présidentielles aspire à transformer la présidence actuellement largement honorifique en une institution exécutive forte du pays, souligne-t-on. Porté par la large victoire de son parti, l'AKP lors des élections municipales de mars dernier, quand il a raflé 43 pour cent des suffrages, malgré un scandale de corruption et des manifestations anti-gouvernementales l’été dernier, Erdogan est assuré de triompher dès le premier tour, le 10 août prochain, prévoit-on. Erdogan a effectivement entamé sa campagne électorale, en s'adressant à des rassemblements dans les villes de la mer Noire de Rize et Trabzon ces derniers jours.
En mai, il a voyagé en Allemagne pour répondre à l’appel de milliers de ses partisans L’AKP d'Erdogan a soutenu la candidature d’Ihsanoglu à la tête de l'OCI, mais il a été critiqué l'an dernier par le gouvernement turc après que l'organisation panislamique n'eut pas suivi Ankara dans sa condamnation du renversement du président islamiste Egyptien Mohamed Morsi par l'armée considéré par la Turquie comme «un coup d'Etat militaire». Ce renversement d’alliance ne manquera pas de défavoriser la candidature du postulant estime-t-on.