News - 23.06.2014

Samir Taïeb dirigera Al Massar en parfaite entente avec Jounaïdi Abdeljaoued

Le congrès d’Al Massar a achevé ses travaux ce lundi tôt le matin à Hammamet par l’élection de son bureau politique et de son secrétariat après avoir élu dimanche, au début de la soirée son secrétaire général, Samir Taïeb qui succède à Ahmed Brahim. Les congressistes ont également débattu des alliances électorales au cours de  la troisième et dernière journée marathon de ces assises historiques, les premières après la constitution d’Al Massar, il y a deux ans, avant d’élire en fin d’après-midi le Conseil central de leur parti.

Ils ont confirmé et affiné, pendant la journée du samedi 21 juin, dans une plénière qui s’est également poursuivie jusqu’à l’aube, après des débats d’un haut niveau engagées au sein des différentes commissions du congrès, la ligne politique adoptée par le parti depuis sa création et ses choix économiques, sociaux et culturels. Ils ont très fortement revendiqué l’appartenance de leur parti à une gauche moderne, non dogmatique, sociale et démocratique et l’héritage du mouvement réformiste et du mouvement national tunisiens enrichis par les apports du mouvement féministe et syndical. Ils ont également insisté sur leur détermination à poursuivre l’œuvre de construction du projet national initié à l’orée de l’indépendance et à pallier ses défaillances au niveau de la pratique démocratique et sur le plan des acquis sociaux. Les motions politique, économique et sociale adoptés à l’issue du congrès expriment ces choix fondamentaux.

Le congrès a également confirmé le rôle joué par le parti en tant que fédérateur des forces démocratiques et son attachement à la culture du front et de la refondation qu’il n’a cessé de prôner. C’est dans cette perspective qu’il a réitéré son attachement à l’Union pour la Tunisie ( UPT)  et à son renforcement par des forces démocratiques et modernistes convaincues de l’efficience de cette coalition politique et électorale, appelée à présenter des listes unifiées aux prochaines échéances électorales en dépit du revirement de Nidaa qui ne lui reconnaît désormais qu’un rôle de coordination politique. Refusant catégoriquement la participation du parti aux prochaines élections législatives sous la bannière de Nidaa, Il n’a pas exclu d’autres alliances avec des partenaires démocrates et modernistes qui placent l’intérêt de la patrie avant celui de leur parti, tout en poursuivant la coordination politique avec Nidaa au sein de l’UPT.

Le Congrès a exhorté la direction du parti à poursuivre l’œuvre de rénovation des structures du mouvement et des méthodes de travail en son sein en adoptant un règlement intérieur, conçu comme un fer de lance pour son rayonnement sur le plan local, régional et national.

A la fin de ses travaux, ce congrès consensuel de bout en bout, en dépit d’un accouchement parfois laborieux et des difficultés rencontrées et surmontées avec brio pour obtenir le consensus, a vu l’élection d’un Conseil central de 177 membres où la présence  des jeunes  est remarquable et où le souci de la parité entre les hommes et les femmes est respecté.

Le Conseil central a élu Samir Taïeb à la tête du parti pour succéder à Ahmed Brahim auquel les congressistes ont tenu à rendre un grand hommage pour l’œuvre qu’il a accomplie à la tête du parti et en tant que militant démocrate. Le nouveau secrétaire général – le poste de président ayant été supprimé – et la direction issue du congrès auront du pain sur la planche. Il faudra préparer dans les meilleures conditions les prochaines élections et, le compte à rebours ayant commencé, constituer dans les meilleurs délais, une nouvelle alliance électorale après la défection de Nidaa.

Alors que les autres formations politiques ont renoncé à tenir leur congrès à la veille des prochaines échéances électorales de peur d’en sortir divisés, Al Massar a pris le risque de tenir ces assises historiques et réussi le pari d’en sortir uni et  renforcé. La démocratie en sort aussi renforcé : à ma connaissance, pour la première fois dans l’histoire des partis en Tunisie et, sans aucun doute, dans l’histoire du parti qui est  héritier d’Ettajdid et du Parti communiste tunisien, deux concurrents en briguent la direction et s’engagent à travailler la main dans la main quel que soit le résultat du scrutin, Samir Taïeb et Jounaidi Abdeljaoued.

Il y a eu un beau vainqueur et un beau vaincu mais aussi une grande leçon de démocratie dans un pays où elle connaît ses premiers balbutiements et où une défaite électorale est parfois perçue comme un drame et entraîne un ressentiment, facteur de discorde et de dissidence, ce qui explique, en partie, la frilosité dans nos partis à faire jouer la concurrence et à lui préférer les listes consensuelles. C’est ce qui est arrivé hier pour l’élection du Conseil central d’Al Massar.

Habib Mellakh

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