Qui bloque le mouvement des ambassadeurs ?
L’UGTT, fer de lance du Dialogue national qui a fixé la feuille de route du gouvernement Mehdi Jomaa le déplore vivement. Par la voix de son secrétaire général adjoint, Bouali Mbarki, elle estime que la révision des nominations et la neutralisation des mosquées souffrent de grands retards que le gouvernement doit rattraper rapidement. Si pour les mosquées 100 lieux de culte ont été repris aux salafistes (sur 149), le cas du mouvement diplomatique est pointé du doigt.
Renseignement pris auprès du ministère des Affaires étrangères, les nouvelles affectations en poste à l’étranger pour les différents grades a porté cette année sur une trentaine de personnes. Un comité ad-hoc, comprenant notamment les représentants du personnel, a été créé pour fixer les critères d’éligibilité, examiner les dossiers et arrêtée la liste à proposer au ministre. Toutes ces étapes ont été effectuées à la satisfaction générale et les nouvelles nominations ont été notifiées afin de permettre aux rentrants comme aux sortants de prendre leurs dispositifs.
Quant aux chefs de poste, ambassadeurs, représentants permanents et consuls généraux, le ministère n’a pas souhaité de fournir des informations à ce sujet, soulignant que les nominations à ces postes sont du ressort du président de la République.
Renseignement pris auprès de sources informées, Leaders apprend que le mouvement des ambassadeurs et consuls généraux porte sur une douzaine de postes. Il s’agit notamment de Berne, Genève, Vienne, Berlin, Paris (Ambassade, Consulat général et Unesco), Milan, Ryadh, Tripoli, etc. Diverses raisons sont à l’origine de ces mouvements, entre révision de nominations, expiration du délai normal pour affectation en poste, départ à la retraite et autres. Depuis le mois de mars dernier, les premières propositions de nomination avaient été transmises à Carthage et la liste n’a cessé d’être complétée. Seul, le poste d’Alger ne pouvant souffrir de plus longue vacance, a été pourvu à travers la désignation d’Abdelmajid Ferchichi en tant qu’ambassadeur. Pour les autres postes, la décision tarde à venir. Où se situe le blocage? Difficile à dire avec précision, mais la Présidence de la République qui en a la charge peut certainement accélérer le processus.
Pourquoi tant de retard préjudiciable?
Cette accélération du mouvement est d’autant plus nécessaire, en plus du mauvais effet d'incertiude pour ceux qui doivent rentrer et des inconvenients de la vacance des postes, qu’entre la nomination d’un ambassadeur et son entrée en fonction, des délais parfois très longs sont inévitables. Il s’agit en effet d’envoyer au pays d’affectation une demande d’agrément, d’attendre la réponse qui peut tarder, de procéder à la cérémonie de remise des lettres de créances, des formalités de départ, de la remise des créances aux autorités du pays d’affectation, etc. Pour les rentrants, il y a aussi tout un parcours pour préparer le retour qu’il s’agisse d’envoi des effets personnels, de visites et de réceptions d’adieu, etc.
Le plus urgent en outre est la question de la scolarité des enfants. Pour les partants, ils doivent pouvoir trouver les places nécessaires dans les écoles françaises et les y inscrire et de même pour les rentrants. Bref, toute une logistique à gérer.
C’est dire l’urgence de débloquer le mouvement des chefs de postes diplomatiques et consulaires tunisiens à l’étranger et de l’opérer dans les plus brefs délais possibles. Cela est d’autant plus réalisable que l’aspect purement politique relatif au rappel de ceux qui avaient été nommés en dehors des diplomates de carrière par les partis de la Troïka et de la désignation exclusivement de diplomates de carrière, est à présent résolu. Carthage a ainsi la tâche facile. A moins que…