News - 17.07.2014

Ce qui attend Mohamed Bichiou nommé à la tête d'Al Karama Holding

Si la nomination d’un nouveau directeur général à la tête d’Al Karama Hoding chargée des entreprises confisquées, en succession de Mohamed Ali Chekir était prévisible depuis quelques mois, le choix de de Mohamed Bichiou a été sans doute une surprise. Jusque-là directeur général de la Bourse de Tunis (depuis août 2008) il avait été auparavant directeur général à la Banque Centrale où il avait effectué toute sa carrière, depuis son recrutement en 1977. Il aura la lourde tâche de convertir la holding dans une nouvelle génération encore plus efficiente, mieux structurée et plus décisionnelle. Sa réussite dépendra en large partie du choix du président du conseil d’administration, décision qui tarde à intervenir depuis la démission en mars dernier d’Ahmed Abdelkéfi, et de la pleine confiance et large marge de manoeuvre que le gouvernement accordera au nouveau duo.

Licencié en sciences économiques, il avait gravi un à un tous les échelons. C’est ainsi que ce nabeulien de 59 ans, pur produit de la BCT, a dirigé notamment l’Inspection générale, la Supervision des banques, la stabilité financière et les études et siégé au conseil d’administration du Conseil du Marché financier (CMF) et de nombre de sociétés et banques, (Tunisair, BNDT, BTQI, BCMA). Sollicité par le Fonds monétaire international (FMI), il avait été chargé, depuis 1985, de nombreuses missions d’assistance techniques auprès des banques centrales de Mauritanie, Rwanda, les Comores, Haïti, et le Yemen, ce qui avait été une occasion pour lui de comprendre non-seulement l’économie et les finances de ces pays mais aussi leurs communautés d’affaires et leurs grandes entreprises.
 
Un parcours qui l’autorise aujourd’hui à démêler l’enchevêtré dossier des sociétés confisquées. Créée en toute vitesse au lendemain de la révolution Al Karama Holding, dotée d’un capital social de 10 MDT détenu par l’Etat, elle a pour mission de gérer sous la supervision du Ministère des Finances, plus de 50 sociétés à travers des participations directes et indirectes. Un duo chevronné a été placé aux commandes : Ahmed Abdelkéfi, en qualité de président du conseil d’administration, et Mohamed Ali Chekir, en tant que directeur général. Ceux qui avaient vécu les débuts se rappellent encore des moments très difficiles. Les premières fois qu’ils réunissaient le conseil d’administration d’une société confisquée, c’était sur la braise qu’ils marchaient. Sans parler des confrontations avec les salariés, des grèves et des négociations.

Une mission titanesque

Reprendre en main, arrêter les hémorragies, limiter les dégâts, relancer les entreprises à garder et céder les autres : un travail de titan au mérite de toute l’équipe fondatrice, mais qui n’a pas connu que des succès. Avec le recul nécessaire et l’apaisement de tant de tensions, beaucoup est à revoir. Le concept même de la Holding, sa gouvernance, son mode opératoire et surtout son programme d’action. Que faut-il garder et que faut-il céder et dans quelles conditions ?
 
Ce qui est bien dans le choix de Mohamed Bichiou pour prendre en charge cette « génération 2 » d’Al Karama Holding, soulignent ceux qui le connaissent, c’est qu’il agit toujours en professionnel, à la fois visionnaire, stratège et pragmatique, sans jamais faire de vague. Quand il attaque un dossier, il le fait en 360°, en toute sérénité et, valeur acquise à la BCT, indépendance. Pendant les six années passée à la Bourse de Tunis, il l’avait déjà démontré tout en oeuvrant au développement de la Bourse (finalisation du chantier du nouveau siège, refonte du système d’information, etc. et au recrutement de nouvelles sociétés. La Bourse compte à ce jour 74 titres à la cote dont 10 sur le marché alternatif et espère boucler l’année avec 80 sociétés cotées.
 
D’ailleurs parmi les chantiers prioritaires auxquels il doit s’atteler, maintenant qu’il est aux manettes d’Al Karama Holding, ce sont ceux des sociétés ou des participations confisquées à mettre en bourse. Le tout premier est sans doute celui des 10% du capital de Tunisiana revenus à l’Etat. Ces actions étant déjà nantis auprès de différentes banques ne serait-il pas plus judicieux de les mettre en bourse et de permettre ainsi leurs transactions. 
 
C’est vous dire un simple exemple, certes pas des moindres, de tout le travail qui attend Mohamed Bichiou à Al Karama Holding. Le choix du président d’administration, poste resté vacant depuis la démission fin mars d’Ahmed Abdekéfi, sera déterminant. Ce genre de holding ne se gère qu’en parfait duo.
 

 

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