La guerre de bizerte 53 ans après : le témoignage du général Elkateb
Le 6 juillet 1961, le lieutenant Saïd Elkateb, 25 ans débarque avec sa compagnie (85 hommes) à la station ferroviaire de Sidi Ahmed à proximité de la base aérienne. Il est surpris d’y trouver un chantier où des «chômeurs» s’apprêtent à creuser des tranchées à la limite des barbelés français «sans aucune idée de manœuvre».
Le commandant Kortas, chef de la garnison de Bizerte qui vient lui rendre visite, se garde de lui préciser l’objet de sa mission. 50 ans plus tard, Saïd Elkateb est «persuadé qu’il l’ignorait lui-même». Le 19 juillet, le sous-officier chargé du poste liaison radio avec l’état-major lui remet le message suivant : «Interdire par le feu, si nécessaire, tout survol, décollage ou atterrissage à la base de Sidi Ahmed». Surpris, il demande confirmation. La réponse ne tardera pas à venir : «Confirmé. Exécution. Stop et fin». La guerre de Bizerte vient de commencer.
Le général Saïd Elkateb, l’un des principaux acteurs de cette guerre, se souvient de tout: de l'aventurisme des politiques , des négligences du commandement, de la supériorité écrasante de l'une des armées les plus puissante du monde, du martyre du commandant Bjaoui tombé au champ d'honneur, l'arme à la main, des pertes insupportables en vies humaines, des unités jetées dans la bataille d'une manière irréfléchie. Mais qu'importe, ce qui compte pour lui, c'est que l’évacuation du dernier soldat français a eu lieu le 15 Octobre 1963, soit 27 mois après les événements de juillet 1961. Aurait-elle eu lieu sans cette tragédie?
Pour l'Histoire, pour les générations montantes, le général Elkateb témoigne.