Opinions - 27.07.2014
Le blocus de Gaza
Entre les conséquences des roquettes islamistes et celles du bombardement israélien de Gaza la disproportion est incomparable. Au 17e jour de l'offensive militaire israélienne, le 25 juillet, 830 palestiniens ont été tués et 5000 ont été blessés. Côté israélien: 2 civils morts tués par les roquettes du Hamas et 34 soldats tués en majorité dans les combats à Gaza.
Ce massacre humain qui s’aggrave de jour en jour d’une dizaine de morts s’accompagne d’une destruction massive des bâtiments modifiant le visage urbanistique de Gaza. Les réactions n’ont pourtant pas été à la mesure du drame qui frappe les Palestiniens. Seule la Turquie par la voix de son Président a condamné fermement l’agression israélienne la qualifiant de génocide du peuple palestinien.
Bien au contraire, n’évoquant à aucun moment les pertes humaines palestiniennes, François Hollande déclare que « La France condamne fermement les agressions contre Israël » et exprime à Benyamin Netanyahou dans une conversation téléphonique le 09 juillet 2014 « sa solidarité avec Israël face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza » et son soutien au « gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ». Angela Meckel exprime la même opinion.
Même position chez Barak Obama qui déclare le 21 juillet 2014 « qu’Israël a le droit de se défendre contre le Hamas ». Il atténuera quelque peu sa position en demandant aussitôt aux Israéliens de faire preuve de retenue.
Les pays arabes se sont montrés hésitants pour condamner l’agression israélienne. Le Caire, habituel médiateur dans les conflits entre le Hamas et Israël, a proposé mi-juillet un cessez-le-feu, refusé en l'état par le Hamas. L'initiative égyptienne prévoit un "arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres" et l'ouverture dans la foulée de négociations sur l'entrée des biens et des personnes dans l'enclave palestinienne sous blocus. L'Égypte propose d'accueillir sous 48 heures après l'entrée en vigueur de la trêve deux délégations palestinienne et israélienne pour ouvrir ces discussions indirectes.
La Ligue arabe et Barak Obama le président des Etats Unis d’Amérique ayant salué cette proposition approuvée par les israéliens appellent le 15 juillet les palestiniens à l’accepter. Mais le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a rejeté tout cessez-le-feu qui n’inclurait pas la levée complète du blocus de Gaza.
Au soir du 23 juillet, au Caire l'Autorité palestinienne a proposé un plan prévoyant une trêve dans la bande de Gaza, suivie par cinq jours de pourparlers, Le Hamas rejettera probablement cette proposition pour les raisons qui viennent d’être évoquées.
Ce mercredi 23 juillet, Navi Pillay, Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, au vu des récentes destructions de maisons et de la mort de civils dont des enfants, dans la bande de Gaza, violant le droit international humanitaire a demandé une enquête sur les possibles crimes de guerre commis par l’état hébreu à Gaz. Des armes non conventionnelles ‘bombes à dispersion’ interdites dans les zones résidentielles ont été utilisées le 12 et le 21 juillet 2014. Elle a également dénoncé les attaques indiscriminées menées par le Hamas contre des zones civiles.
Il a fallu qu’une école de l'ONU dans la bande de Gaza soit bombardée le 24 juillet avec son lot de 15 morts palestiniens pour entrainer les Etats-Unis non pas à une condamnation mais à une réaction défavorable. Les Etats-Unis, par la voix de Jen Psaki porte-parole du département d'Etat, se disent "attristés" par ce bombardement.
Ban-Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies, le "condamne fermement" comme il avait condamné quelques jours auparavant, le 20 juillet « l'action atroce » de l'armée à Chajaya où plus de 60 Palestiniens sont morts. Il avait appelé Israël à faire preuve de retenue en ajoutant : « Le blocus sur la bande de Gaza ne peut pas être durable » alors que la levée de ce blocus est l'une des conditions du Hamas pour un cessez-le-feu.
En quoi consiste ce « Blocus » de Gaza ? Ce territoire dont les frontières terrestres avec Israël et l’Egypte, l’espace maritime et l’espace aérien sont contrôlés par l’armée israélienne, est une prison peuplée d’un million cinq cents milles palestiniens à qui Israël fournit l’eau et l’électricité ainsi que les moyens de communication, les importations et les exportations taxées. On comprend ainsi que la levée du blocus de Gaza est une nécessité que l’ONU et les grandes puissances doivent exiger d’Israël avant toute trêve et avant toute négociation.
Saadeddine Zmerli
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