Terrorisme chez nous .. Hospitalité malgré nous .. quelle attitude à prendre?
Un été pas comme les autres que celui de cette année 2014, des guerres des plus meurtrières qui ne font que commencer, enfoncent les Tunisiens, leurs voisins libyens et leurs frères Syriens dans un état d’inquiétude. Des guerres dans différents pays où on doit faire face aux mêmes ennemis, l'extrêmisme et le terrorisme. L'actualité nationale, les publications sur les réseaux sociaux et les discussions de salons tournent toutes et inévitablement autour de ce même sujet. Les analyses se multiplient et les sénarios d'avenir se dessinent de partout, différemment mais versant tous dans un même registre alarmant. Nous voilà, contre toute logique temporelle et humaine, «contemplant» les exploits des combattants de "daech" qui se vantent des tueries les plus atroces et des lois les plus arriérées remontant au temps des cavernes, imposés fièrement sur leur nouveaux territoires conquis. Cela semble loin géographiquement, mais pas si éloigné qu'on le croit, puisque juste à nos frontières, des milliers de Libyens et des centaines d'Egyptiens et d'autres nationalités se bousculent pour se réfugier chez nous, dans notre petit pays dépourvu de richesses et pliant sous une crise économique, politique et sociale sans précédent.
Ils fuient un ennemi qui n'est autre qu'un "daech" dans sa version Maghrébine : ça s'appuie sur l'Islam dans sa version la plus rétrograde, ça tire forces, moyens et armes des mafias mondiales qui les soutiennent, dans un objectif unique, détruire tout Etat moderne et installer le chaos pour fluidifier les circuits de tous les commerces interdits au monde.
Les Tunisiens se trouvent donc face à cette amère réalité. Touchés, terrorisés, indignés et révoltés, les citoyens Tunisiens vivent des moments aussi durs qu'historiques depuis quelques mois, tiraillés entre l'aspiration à une démocratie naissante et prometteuse et la peur de l'inconnu, de l'imprévisible et de l'échec.
Une chose est sûre, c'est que les terroristes ne verraient pas d'un mauvais oeil notre inquiétude face à leurs manoeuvres et attaques barbares. En réalité, en tombant dans un état de peur, de lassitude, nous ne ferons qu'aider l'ennemi à réaliser quelques uns de ses objectifs à savoir semer la terreur et saboter les élections.
A trois mois de cette échéance tant attendu, il ne faut surtout pas baisser les bras, ni perdre de vue tout ce qui se passe dans le pays et ailleurs. Il faut se préparer pour le combat qui prendrait en ces quelques mois à venir plusieurs formes.
Tout d'abord, en préparant les élections pour qu'elles se déroulent dans les meilleures conditions de transparence. Pour cela, les ONG et institutions ne manquent pas, il suffit de se présenter et de s'y inscrire pour participer aux élections en tant qu'observateurs, au moins. A ce stade, et à tous ceux qui n'y croient pas ou plus, on demanderait : Quelle autre alternative à part les élections pour que notre pays sorte du gouffre ?
L'enjeu est de taille. Il ne suffit pas de voter, mais de bien voter, c'est-à-dire pour une république démocratique et moderne et pour un avenir prometteur. Pour ce faire, il faut suivre l'actualité avec un oeil critique, ne pas croire aux promesses démagogiques. Dans le même registre, les médias et les réseaux sociaux doivent nous offrir une image réelle de la situation, loin de toute manipulation.
Autant le courage, la persévérance, l'intelligence et la vigilance seraient nécéssaires pour nous en sortir, autant il ne faudrait pas omettre un autre aspect de citoyenneté, qui sera aussi déterminant pour les mois ou les années à venir. Nos frères libyens se comptent en centaines de milliers chez nous, nous devons certes faire preuve d'hospitalité, mais aussi de civisme et de patriotisme. Tous les Tunisiens devraient lutter contre l'explosion des prix de l'immobilier et des produits de première nécessité. Il est vrai que les circuits de distribution et d'intermédiation immobilière sont multiples et bien ramifiés, sauf qu'un simple geste d'information aux autorités en réduirait certainement les effets, même de peu. Pour ce, il faudra avoir un comportement citoyen. Une certaine discipline serait la bienvenue, par exemple s'abstenir d'acheter des produits hors de prix, éviter le gaspillage pour ne pas alimenter l'inflation. Il faudrait aussi éviter le jugements à l'emporte-pièce. La présence libyenne pourrait contribuer à un essor économique.
Feten Mkaouar Meziou