News - 10.08.2014
Pourquoi les ambassadeurs et consuls généraux n'assisteront pas au séminaire desTunisiens à l'étranger
Malencontreuse confusion d’agendas ? A la même heure ce lundi matin 11 août, alors que les ambassadeurs et consuls généraux de Tunisie sont conviés par le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, à l’ouverture de leur conférence annuelle à Carthage, les « représentants » des Tunisiens à l’étranger tiennent leur séminaire national, à Gammarth, sous la présidence du chef du gouvernement, Mehdi Jomaa. Les uns seront privés des autres, alors que c’est fondamental.
Pour la première fois dans les annales des séminaires des Tunisiens à l’étranger (depuis les années 1960, rappeleez-vous l'excellent film "Les Ambassadeurs" de Naceur Ketari), les chefs de postes diplomatiques et consulaires ne seront pas à l'ouverture des travaux? Ils n'écouteront pas le message de Jomaa. Chacun sait pourtant que pour les consuls et consuls généraux, leur mission principale est, précisément, servir les Tunisiens dans les circonscriptions de leur affectation. Il en est de même pour les ambassadeurs, surtout ceux qui sont affectés dans des pays où la communauté tunisienne est réduite et la charge consulaire est confiée directement à un membre de l’ambassade.
Tout a changé, sauf le dispositif officiel tunisien
Rencontrer les « représentants » des Tunisiens à l’étranger, écouter leurs préoccupations et esquisser avec eux les solutions appropriées est plus qu’utile, indispensable. Les mutations profondes que connaissent les pays d’accueil, mais aussi la structure de nos communautés, l’émergence de troisième et quatrième générations d’émigrés, l’installation de plus en plus nombreuse de cadres et hautes compétences tunisiennes à l’étranger et le nouveau contexte politique tunisien changent complétement la donne. Tout change donc, sauf notre approche officielle restée la même depuis des lustres. Certes, le PSD, initiateur de ce séminaire, puis le RCD, n’y sont plus avec leurs « Amicales » et réseaux d’Attachés sociaux », certes aussi la société civile s’affirme de plus en plus, mais on n’arrive pas à décrocher définitivement pour un nouveau concept. Le conseil supérieur de l’Emigration promis par le gouvernement Jebali, est resté dans les cartons.
Un fait significatif s’était produit lors de la visite de Mehdi Jomaa, fin avril dernier, à Paris. Rencontrant à l’École des Mines des atugéens, l’un d’eux, d’un âge mur l’interpellera à ce sujet. « Je ne comprends pas pourquoi la tutelle des Tunisiens à l’étranger reste assurée par le ministère des Affaires sociales. Sommes-nous une catégorie à part, à l’instar des populations marginalisées ou des cas sociaux ? Nous ne sommes pas des assistés sociaux. C’est au ministère des Affaires étrangères, à travers ses attributions consulaires qu’il faut confier cette charge. »
Loin des querelles de chapelles, Mehdi Jomaa a saisit la portée du message. A-t-il eu le temps de revoir tout le dispositif sédimenté et inopérant comme souhaité ? Il en dira sans doute les grandes lignes dans son discours d’ouverture à Gammarth, en espérant sans doute que l’écho en parviendra à Carthage.