L'encre sympathique est-elle vraiment utile pour les élections?
On se doute bien qu'une opération aussi importante que des élections nationales impose des dépenses. On a estimé que lors de la précédente élection, l'ISIE avait dépensé par trop d'argent dont on aurait pu faire l'économie.
L'actuelle ISIE a-t-elle tiré les enseignements de la précédente instance ? Le sûr est qu'elle a toujours la possibilité d'agir pour comprimer ses dépenses, éviter des opérations qui ne s'imposent guère.
Ainsi est-ce le cas de l'encre sympathique dont on a voulu faire une garantie de transparence et une parade contre la fraude.
Or il n'en est rien. En effet, du moment que l'on a choisi le système du vote sur liste électorale, il est certain que de deux choses l'une : ou ces listes sont à jour et celui qui vote signe ou voit son nom coché par celui qui le tient et donc plus besoin d'encre ou ces listes ne sont pas à jour et dans ce cas, c'est toute l'opération qui est viciée à la base et ce n'est pas l'encre qui y changera quelque chose.
De fait, on évoque un marché juteux de cette encre spécialement monté à la faveur du printemps arabe. Aussi, cette encre est-elle inséparable des élections qui se sont déroulées depuis dans les pays sous-développés.
Il faut que l'ISIE se prononce clairement sur cette question au moment où les critiques se multiplient sur son indépendance réelle et sur la crédibilité de l'opération électorale : en quoi l'encre sympathique est utile ? N'est-elle pas une pure opération commerciale ne servant que les intérêts de la société qui commercialise une telle encre ?
D'ailleurs, outre l'argument du registre, on a vu à l'usage qu'une telle encre n'était pas nécessairement aussi indélébile qu'on le prétendait et pouvait être facilement enlevée sans parler des cas où elle était pâle d'origine, presque invisible.
On attend donc une clarification convaincante sur cette question de la part de l'ISIE : l'encre sympathique est-elle vraiment utile pour nos élections?
Farhat Othman