Quand le mariage est recommandé comme action de charité
Au début du siècle dernier Vladimir Ilich Oulianov (Lénine) a lancé son fameux slogan «Travailleurs de tous les Pays, Unissez-vous» (+). A l’image du père de la révolution russe, le Super-Cheikh Ghanouchi vient de lancer à ses troupes un slogan du même genre : « Garçons célibataires de tout le Pays, mariez-vous et pensez à épouser les vieilles filles et les femmes divorcées pour résoudre leur problème d’isolement».
Cette invitation à faire du mariage une action de charité m’a laissé pantois car elle émane d’un homme politique et non des moindres. Elle m’a aussi rappelé une manifestation masculine qui s’est déroulée il y a quelques mois au Yémen, pour réclamer rien moins que le droit de se marier à des filles mineures. Ces deux évènements ont quelque chose de commun : ils font «descendre» le mariage dans la rue.
Si le mariage relève de la charité qu’en est-il des sentiments qui précèdent et accompagnent cet acte noble ! Où est la « Mawaddah » instituée par l’Islam pour accompagner l’union sacrée et rappelée à chaque cérémonie de signature du contrat ? On peut penser que si les sentiments ne sont pas présents au moment opportun, la vie est longue et ils finiront par venir avec le temps. Je vous laisse imaginer la nature des rapports conjugaux entre-temps.
Drôle de conception de l’égalité homme/femme, défendue par le Cheikh dans le même discours à l’occasion du 13 Août. La morale de l’histoire est qu’en politique on peut affirmer n’importe quoi et le défendre corps et âme, mais quand on n’y croit pas, on se fait trahir tôt ou tard par ses propres paroles et/ou gestes.
(+) Dans les années 70, à la suite de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes de l’URSS
ce slogan est devenu : « Travailleurs de tous les Pays, punissez-vous », scandé par une partie de la gauche française qui a condamné cette invasion.
Mohamed Jemal