Le Lab de Mehdi Jomaa et ses équipes cachées
Personne ne le soupçonne. Pourtant, cet immeuble moderne qui ressemble à ceux qui le jouxtent au cœur des Berges du Lac abrite le think tank de Mehdi Jomaa. Son lab, comme dans les grandes compagnies des TIC. Des cerveaux biens formés y dopent leurs neurones sur des projets d’avenir. Le cadre s’y prête: modernité, discrétion et ambiance feutrée. On est loin des céramiques du palais de la Kasbah, de ses dédales et du va-et- vient dans les couloirs. Unique signe extérieur d’appartenance aux services de la présidence du gouvernement, une enseigne discrète indique qu’il s’agit du siège de l’Instance générale de suivi des programmes publics. Un petit drapeau, quasi invisible, flotte sur le toit. Les quatre étages alignent bureaux personnalisés, espaces ouverts et salles de réunion. Le turboréacteur de Mehdi Jomaa y est installé. Les équipes phosphorent jusqu’à tard le soir. Révélations!
«J’ai été édifié en prenant mes fonctions déjà au ministère de l’Industrie et encore plus à la Kasbah de découvrir que l’Etat ne disposait ni de vision d’avenir, ni de plans de développement, nous confie Mehdi Jomaa. Chaque gouvernement devait alors, depuis la révolution, naviguer à vue et ne pouvait léguer à son successeur une réelle plateforme d’appui. Encore plus, nous sommes confrontés aux difficultés dues à l’absence d’un système d’information intégré fiable, pourtant indispensable à la prise de décisions. Je ne pouvais m’y résoudre».
Pour chacun de ces deux grands chantiers, le chef du gouvernement a créé un groupe de travail formé des meilleurs spécialistes des ministères et organismes concernés. Organisés en task force, ils opèrent comme dans les grands labs, selon des processus, des objectifs, des plannings définis.
«Le premier groupe travaille sur la vision générale, la stratégie de sa mise en œuvre et ses projets structurants, explique Mehdi Jomaa. La Tunisie de 2020 ou de 2030 doit faire rêver. Et nous devons tout faire pour que cette attractivité soit effective». Les résultats serviront-ils aussi aux travaux de la prochaine conférence internationale Invest in Democraty Start’up? Sans doute.
«Le deuxième groupe, poursuit le chef du gouvernement, planche sur la conception d’un système d’information intégrant tous les indicateurs utiles pour octroyer les aides sociales, les subventions et les compensations. Mais aussi d’autres indicateurs de planification et de décision».
Mehdi Jomaa adore venir aux Berges du Lac travailler avec ses équipes. Le matin sur son chemin, ou le soir, sur le retour, il y fait une halte. Loin des pressions de la Kasbah et des contraintes du quotidien, il s’y sent très à l’aise. Sans protocole, il pousse une porte pour aller discuter avec tel ou tel expert, ou il se joint à une réunion. Sa consigne est claire : «Tous ceux qui pensent que c’est impossible sont invités à ne pas venir à la prochaine réunion. J’ai besoin de gens qui viennent me dire les problèmes et me proposent des solutions».
Message compris : les résultats commencent à venir. De quoi laisser de bons dossiers au prochain gouvernement.