Messieurs les élus, un peu plus de sérieux!
Trop, c'est bien trop! On croyait que la lutte contre le terrorisme était une cause nationale, que la loi y afférente devait être l'urgence des urgences; or, voilà que non seulement son adoption traîne en longueur à l'Assemblée constituante, mais qu'elle est reportée pour la rentrée! La cause? Le peu de sérieux de députés s'adonnant comme de mauvais potaches à un absentéisme effréné.
Que signifie un tel comportement sinon de la légèreté coupable eu égard au péril menaçant la patrie ? De la part des absentéistes, tout autant que ceux qui font traîner en longueur des discussions inutiles et pour des vétilles, cela frise même la complicité objective avec un terrorisme qui, ne l'oublions pas, n'arrête pas de faire des victimes innocentes.
Cette fois-ci, ce sont les élections qui motivent le nouveau report, les députés devant se consacrer au dépôt des listes électorales dont le délai commence ce 22 août. Ainsi, le jeu électoral est aux yeux de nos députés bien plus important que leurs devoirs envers le pays dont l'intégrité court les plus graves menaces!
Jusqu'à quand continuer donc à privilégier un jeu politicien au salut du pays? Ne sommes-nous pas en guerre totale contre le terrorisme? Comme se fait-il qu'on accepte de ne pas se doter, toutes affaires cessantes, de l'instrument juridique adéquat pour y faire face? Ne doit-on pas pour cela éliminer toute mauvaise excuse, y compris ce prétexte d'élections qui deviennent bien moins importantes qu'elles ne sont, étant même dérisoires devant l'impératif de sauvegarde de la patrie?
N'est-il donc pas temps de se décider à mettre enfin tout en oeuvre pour faire face à cette hydre tapie dans l'ombre, attendant son heure pour frapper ? Ne doit-on pas suspendre le jeu supposé démocratique et qui en devient bien insignifiant, car ne faisant qu'exacerber les divisions alors qu'on a besoin d'une unité nationale sans failles pour réussir à contrer le danger mortel nous menaçant? Qui de sensé pourrait s'opposer à la nécessité d'oublier nos différences politiques et nos divisions idéologiques pour nous opposer tous unis contre le terrorisme, notre ennemi commun? Qui oserait contrarier une telle saine attitude, à moins d'être, d'une manière ou d'une autre, complice du danger qui nous guette?
Le chef du gouvernement ne devrait plus tarder à user des prérogatives qui sont les siennes pour annoncer l'état nécessaire d'alerte généralisée, impliquant s'il le faut le report des élections, et ce en vue d'avoir le plus de chances de réussir à mettre en échec les terribles attaques que nombre d'observateurs annoncent imminentes, devant cibler la stabilité de l'État et sa pérennité.
C'est une question de salut national à laquelle tout un chacun, s'il est véritablement patriote, doit adhérer en faisant taire ses convictions politiques et idéologiques. Car la patrie est au-dessus de tout quand son salut est en péril comme il l'est aujourd'hui.
Farhat Othman