Participation à un Bureau de vote : un acte citoyen très enrichissant
Plus de soixante mille citoyens et citoyennes sont nécessaires pour assurer le déroulement des élections Cette armada de jeunes et de moins jeunes doit être recrutée parmi les non-candidats qui n’ont pas participé aux différentes instances du RCD, n’adhèrent à aucun parti politique et n’ont aucune relation familiale ou de dépendance avec les candidats (conjoint, ascendant, descendant, gendre, belle fille (?) ou employé).
J’ai vécu cette expérience en 2011 et puis vous assurer que j’en garde un souvenir indélébile.
Nous avons été convoqués pour une journée de formation au Centre de Formation Continue d’El Ariana (CREFOC), au cours de laquelle un instructeur nous a livré quelques informations sur la manière dont doit se dérouler une élection digne de ce nom, à savoir l’accueil des votants, la vérification de leur identité, la disposition de l’isoloir et de l’urne, la manière de sceller cette dernière par les clés numérotées, l’emplacement des observateurs tunisiens et étrangers, le dépouillement des bulletins de vote, le remplissage des PVs, etc.
Cette présentation a eu lieu dans une ambiance détendue et cordiale où j’ai pu découvrir la spontanéité et l’enthousiasme de mes compatriotes, qui contraste avec le climat de stress que l’on ne retrouve tous les jours dans les endroit publics ou privés où ils se rendent habituellement pour leurs affaires courantes (administration, hôpital, école, supermarché . . .) . Plusieurs questions ont été ensuite soulevées par l’assistance, auxquelles l’instructeur a essayé de répondre au mieux, tels que la sécurité, le vote des non-inscrits, des analphabètes, des mal-voyants et des mounakkabètes, etc.
Après la pause, une simulation de l’opération de vote a été organisée. Quatre participants se sont dévoués pour former un bureau de vote et se sont répartis les tâches : L’un d’eux pour l’accueil des électeurs, deux pour la vérification de l’identité, l’inscription sur la liste, l’encre et la signature, un autre pour la délivrance du bulletin dûment tamponné et enfin l’ange gardien de l’urne (le directeur du Bureau) pour veiller sur la bonne marche de l’opération et s’assurer que les électeurs ont bien déposé leurs bulletins. Toutes ces opérations se sont déroulées sous l’œil vigilant des autres participants et ont été ponctuées par de nombreuses questions.
Le jour « J » fut une journée mémorable. Il fallait recevoir les urnes à 6 heures du matin et organiser la salle conformément aux instructions données, organiser la queue, rappeler aux votants l’interdiction de porter tout signe révélateur, les prier ne pas trop s’attarder dans l’isoloir, vérifier l’identité et le badge des observateurs, etc. Ce jour là, j’ai vu des jeunes d’une vingtaine d’années, comblés de joie en exerçant la mission qui leur avait été confiée au sein de Bureau de vote. Je sentais que certains n’ont jamais eu l’occasion d’exercer une responsabilité vis-à-vis des citoyens et que cette élection leur offrait une occasion idéale pour découvrir leur potentialité et s’épanouir. Ils s’acquittaient de leur mission avec brio. J‘ai vu également des citoyens en pleine détresse à l’idée de ne pas pouvoir voter en raison de l’absence de leur nom sur la liste des électeurs, malgré le reçu d’inscription qu’ils détenaient. J’ai vu une vieille dame amenée jusqu’à l’intérieur de l’isoloir sur un fauteuil porté par ses deux fils. J’ai vu une quinquagénaire me supplier en pleurs pour lui permettre de voter malgré l’absence de son nom sur la liste. J’ai vu. . , j’ai vu . . , c’était une journée mémorable où on découvre le Tunisien dans toute sa splendeur et on sent l’orgueil d’appartenir à un pays ayant trois mille ans d’histoire.
Le dépouillement des bulletins devait s’effectuer de la manière la plus transparente. Il fallait ouvrir chaque bulletin et lire le résultat sous l’œil vigilent des membres du Bureau et des observateurs. L’opération devait se dérouler ainsi quel que soit le temps qu’elle nécessitait. Une fois terminée, il fallait remplir les différents PV et consigner les remarques et les signatures des observateurs qui n’ont quitté la salle qu’après avoir assisté au scellage définitif de l’urne. Il fallait enfin garder soigneusement cette dernière jusqu’à ce qu’une voiture Jeep de l’armée vienne la récupérer le lendemain à 6 heures sous la protection d’un militaire armé. C’est alors que je me suis senti soulagé et fier d’avoir participé modestement à ma manière à la réussite de ces élections. Vous pouvez vivre ces moments mémorables en participant à un Bureau de vote dans les prochaines élections.
Pour les informations et l’imprimé de candidature à un Bureau de vote, consulter la fenêtre en arabe «Balaghat» sur le site : www.isie.tn
Mohamed Jemal