Quand la Tunisie et la Russie se redécouvrent
Après l’heureux dénouement de l’affaire des otages tunisiens en Libye voilà que la diplomatie tunisienne enregistre un autre succès à l'occasion de la visite à Moscou du ministre des AE, Mongi Hamdi
Depuis 1956, la Tunisie et la Russie se sont superbement ignorées. Sous Bourguiba comme sous Ben Ali, les relations entre les deux pays étaient réduites à leur plus simple expression et se limitaient à des échanges culturels ou sportifs. Le premier président de la République qui avait caressé l’idée de visiter Moscou dans les années 70, a dû y renoncer lorsqu’il apprit qu’il n’y serait accueilli par aucun des membres de la troïka soviétique, Brejnev, Kossyguine et Podgorny, la Tunisie n’étant considérée ni comme un pays frère, ni comme un pays ami pour avoir droit à cet honneur.
Il a fallu attendre la révolution pour que la Russie qui a, entre-temps, répudié le communisme s’intéresse à notre pays et y envoie son ministre des affaires étrangères, Serguei Lavrov, en Tunisie. C'était, il y a près de quatre ans. Depuis, plus rien. Il a fallu cette visite de Mongi Hamdi et les résultats auxquels elle a abouti, notamment les achats d'huile d'olive et l'aide de 500 millions de dollars proposée par la Russie à des conditions favorables pour que les relations entre les deux pays connaîssent un certain réchauffement. La Tunisie n'a plus le droit de bouder ce pays aux potentialités énormes. Confrontée depuis toujours au lancinant problème de la diversification de ses exportations, notre pays a aujourd'hui une occasion historique de réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés européens , d'autant plus que nos partenaires, en pleine récession, ne sont plus en mesure d'absorber toutes nos exportations. Il serait cependant naïf de croire que la Russie pourra prendre du jour au lendemain la place de nos partenaires traditionnels au niveau des investissements et des relations commerciales. En plus de la géographie et de l'histoire, l'Union européenne reste le plus grand marché du monde. N'oublions pas que ces exportations d'huile dont on fait grand cas sont liées à une conjoncture spéciale.