Dennis Ross, dans le New York Times: "Les Islamistes ne sont pas nos amis"
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent aux Etats-Unis pour inciter le président Barack Obama et l’administration américaine à réviser leur politique dans le monde arabe et abandonner leur attitude favorable aux « Islamistes modérés ». « Les Islamistes ne sont pas nos amis » écrit Dennis B. Ross, en titre d’une tribune publiée jeudi sur le New York Times. Ancien chef des négociateurs au nom des Etats-Unis dans le conflit arabo-israélien (1993-2001) et Assistant spécial du président américain pour le Moyen-Orient et l’Asie du Sud (2009 – 2011), il estime qu’un gap profond se dessine dans la région entre islamistes et non-islamistes. Cette faille pouvant avoir de grandes conséquences, doit réorienter la politique étrangère américaine. Après avoir analysé les différents enjeux pour ce qui est de l’EIL, du nouveau rôle de l’Iran, de la situation en Egypte et en Libye, il estime que « les non-islamistes sont les partenaires naturels des Etats-Unis ».
Trois principes à suivre
« L’Administration d’Obama a besoin, recommande-t-il, de suivre trois principes dans ce partenariat naturel :
- Premièrement, se concentrer sur la sécurité et la stabilité. Rien ne sera possible sans cela, y compris dans les sociétés pluralistes tolérantes.
- Deuxièmement, ne jamais tendre la main aux Islamistes ; leurs principes ne sont pas compatibles avec le pluralisme ou la démocratie. En Tunisie, le parti d’Ennahdha n’a cédé le pouvoir que quand il a réalisé que ses politiques ont généré des résultats menaçant la survie même du parti.
- Troisièmement, le soutien des États-Unis d’Amérique pour les partenaires non-islamistes, ne signifie pas renoncer à notre voix ou soutenir n’importe quelle politique locale. Nous devons les inciter à opter pour le pluralisme, le droit des minorités et l’état de droit.
Cette nouvelle faille qui s’est approfondie au Moyen-Orient constitue une vraie opportunité pour l’Amérique. Oui, les États-Unis feront face à des défis et auront à gérer les tensions entre nos valeurs et nos intérêts. Aucune stratégie n’est dénuée de risques, mais rallier nos partenaires naturels présente la meilleure façon d’avancer».
Quand on connaît l’influence qu’exercent les think tanks comme celui de l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient auquel appartient Dennis B. Ross, on réalise l’importance de cette analyse. Sa publication coïncide avec la déclaration de guerre lancée par Barack Obama contre Daech.