Hommage à Mohamed El Hedi Merchaoui
Mohamed El Hedi Merchaoui qui vient de nous quitter était l’un des premiers ingénieurs en aviation civile de la Tunisie indépendante. Dès l’obtention de son diplôme en 1958, il rejoint le ministère du transport où il fait partie de l’équipe de pionniers constituée autour de Si Mohamed Kraïem en vue de tunisifier le secteur de l’aviation civile. Réputées hautement technologiques, les activités liées à ce secteur: aviation civile, aéroports, compagnie Tunis-air et service météorologique étaient restées entre les mains des ingénieurs et techniciens français qui rechignaient à les transférer à des ingénieurs tunisiens considérés comme débutants.
Grâce à sa compétence, à son abnégation dans le travail et surtout à la foi inébranlable qui l’animait ainsi que ses camarades dans l’avenir de la Tunisie indépendante, Hedi Merchaoui n’a eu aucun problème à assurer la relève de son homologue français; bien plus, il s’est vu, au bout de quelques années, confier la Direction Générale de l’Aviation Civile avant d’être nommé en 1970 Président-Directeur-Général de l’Office des Ports Aériens de Tunisie ancêtre de l’actuel OACA puis PDG de Tunisair. A la tête de l’OPAT qu’il a dirigé pendant dix ans, il a fait montre de qualités remarquables dans le domaine de la gestion d’entreprise faisant de cet établissement l’une des entreprises publiques les mieux structurées et les plus rentables.
J’ai eu, personnellement, la chance de connaître Hedi Merchaoui et de me lier d’amitié avec lui dès les années de lycée. Brillant latiniste et excellent matheux, il était toujours disponible pour nous aider nous, ses cadets, lorsque nous butions sur une difficulté dans une version latine ou un problème de mathématiques; nous nous sommes retrouvés plus tard dans la vie active lorsque j’ai eu, en qualité de PDG de l’entreprise SOMATRA, à exécuter différents travaux d’extension dans les aéroports de Tunis-Carthage et de Monastir pour le compte de l’OPAT. Cela m’a permis d’apprécier encore mieux ses qualités à la fois professionnelles et humaines. Hedi Merchaoui alliait de manière quasi naturelle compétence et modestie, efficacité et discrétion, rigueur et courtoisie.
C’est un grand commis de l’Etat et un des premiers bâtisseurs de la Tunisie moderne qui nous a quittés. Puisse-t-il reposer en paix.
Slaheddine Belaïd,
Ancien ministre