Pour les musulmans, cri du coeur et d'alarme d'Edwy Plenel
Edwy Plenel, ancien journaliste du monde, cofondateur et président du journal en ligne Médiapart publie un essai qui sort en librairie ce 18 septembre et qui est un cri du coeur pour l'islam et à travers lui pour la France et le monde.
L'auteur de «Dire non», son précédent essai qui fut un grand succès, ose aller de nouveau contre le dogmatisme ambiant et le conformisme logique en dénonçant les faussetés colportées sur l'islam et les musulmans.
Il joint ainsi sa voix à celle des rares justes en Occident, et encore plus en Orient, pour dire la vérité qui s'impose en ces temps d'imposture. Bien plus qu'un simple cri du coeur manifestant sa solidarité avec l'islam et sa communauté, encore mieux qu'un cri d'alarme, cet essai se veut une dénonciation de la banalisation du mal, véritable terrorisme d'aujourd'hui.
Que cette banalisation se pare des vertus de la laïcité ou de la démocratie, incontestables certes, mais jamais non contestables dans leur formule dogmatique actuelle, elle n'est pas moins discriminante et source de stigmatisation et d'exclusion. Elle nourrit surtout, au nom de l'antisémitisme d'antan, par exemple, un antisémitisme à rebours où le musulman prend la place du juif.
Non, martèle Plenel, l'islam n'est ni criminogène ni antidémocratique; c'est d'abord une spiritualité et une paix d'âme portée par le soufisme à un niveau jamais égalé.
Non, s'insurge Plenel, les élites en Occident ne font plus leur devoir de conscientisation et leur le silence est assourdissant et une injustice avérée sur la vraie nature de l'islam. Et ce silence devient coupable, surtout quand il est relayé par des clones du côté de l'islam. Il participe ainsi à une diabolisation digne d'une chasse aux sorcières d'une foi qui mérite au moins un traitement égal aux autres religions, pourtant intrinsèquement bien moins tolérantes et ouvertes à l'altérité que l'islam.
Non, conclut Plenel, l'Europe n'est pas en train de conter le mal, elle le favorise même en créant objectivement les conditions d'une nouvelle catastrophe, faisant de l'islam le nouveau problème juif, car toute stigmatisation en pensée et en parole est fatalement actée.
Au final, Plenel propose de réinventer notre pratique politique, appelant à une transfiguration nécessaire tenant compte de l'imaginaire français nourri de la pluralité des origines et des cultures. Ce ne serait, au vrai, que renouer avec l'esprit français aujourd'hui galvaudé étant mis au service d'une machinerie faite pour créer en masse le malheur, contribuant encore plus au désenchantement du monde.
Un livre donc à lire en toute urgence ne serait-ce que parce qu'il fait de la fidélité aux valeurs un enjeu capital. Cela permet d'ailleurs de comprendre que l'on n'est pas vraiment sorti du colonialisme — mental cette fois-ci —, une forme bien plus pernicieuse, car difficile à combatte, prenant possession non seulement des corps et du matériel, mais aussi des esprits, du spirituel.
Pour les musulmans de Edwy Plenel, éditions La découverte, Collection Cahiers libres, 136 pages, 12 euros, sortie en librairie le 18 septembre.
Farhat Othman