Anastasia Chirinsky, la dernière représentante de la communauté russe de Bizerte
Anastasia Manstein-Chirinsky, la dernière représentante de la communauté russe à Bizerte n'est plus. Jusqu'au bout, elle était restée fidèle à cette ville qui l'avait accueillie il y a soixante dix neuf ans à bras ouverts, qu'elle avait aimée au point d'avoir choisi d'y rester alors que ses enfants avaient émigré en France et qui le lui rendait bien. Bertrand Delanoë, actuel maire de Paris et enfant de Bizerte qui fut son élève au lycée de la ville où elle enseignait les mathématiques se souvient d'elle comme d'un "être exceptionnel, un génie de la vie".
Le réalisateur tunisien, Mahmoud Ben Mahmoud qui la connaissait bien pour lui avoir consacré un documentaire en 1996 disait d'elle: "elle portait à la fois la mémoire de la Russie pré-communiste l'histoire de la Tunisie sur presque tout le XXème siècle". Son livre autobiographique, "la dernière escale", publié en 2000 revient sur les temps forts de sa vie: l'exil de sa famille à Bizerte après la révolution bolchévique de 1917, alors qu'elle avait à peine 8 ans, la vie de la communauté russe dans cette ville, ses rapports avec les habitants qui l'ont très vite adoptée et avec ses élèves tunisiens et étrangers. Le livre, traduit en russe obtint le prix Alexandre-Nevski. Adulée par les Bizertins, sa maison était devenue, ces dernières années, le point de passage obligé pour les touristes russes après le musée du Bardo et la Médina de Tunis. Honorée aussi, chose rare, de son vivant puisqu'une place de sa ville d'adoption porte son nom depuis quelques années.