News - 23.09.2014

Quand Ennahdha fait l'apologie de Bourguiba

« Le leader Bourguiba a établi les assises de l’Etat sur deux bases qui ont eu un rôle considérable pour sauver la situation et faire traverser au pays la zone de grandes turbulences, l’attachement à la légitimité et la mise à l’écart de l’institution militaire des tiraillements partisans  ».Qui a écrit cela ? Un destourien qui veut mettre exergue la contribution du bâtisseur de la Tunisie moderne à la veille des élections législatives et présidentielles ? Pas du tout. Il s’agit bel et bien d’un dirigeant islamiste très proche du président d’Ennahdha Rached Ghannouchi.  Son conseiller et ancien ministre du gouvernement Hamadi Jebali, Lotfi Zitoun dans un article publié par le quotidien Al-Chourouk.

Bin qu’il n’oublie pas de dire, au détour de la phrase que la politique de Bourguiba est sujette à critique, Zitoun met sur le même piédestal Farhat  Hached, le fondateur de l’UGTT et Habib  Bourguiba qui tous deux, estime-t-il, ont permis à la Tunisie de traverser aux moindres frais la grave crise du second semestre 2013 suite au deuxième assassinat politique (celui de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013). Il met en évidence, en effet, le rôle assumé par la centrale syndicale dans le dénouement de la crise, en jouant avec l’UTICA, la LTDH et le Conseil des avocats « l’intermédiaire entre les parties politiques et idéologiques pour la mise en scène du retrait du gouvernement de la Troïka »

Mais en bon disciple de son maitre à penser, il le porte aux nues en le mettant sur le  même piédestal que les deux leaders historiques de la Tunisie. Pour lui Rached Ghannouchi est le « troisième côté de la pyramide » qui a permis le dénouement de la crise.

« Le fondateur du mouvement islamiste a fait appel à tout ce qu’il a accumulé au cours de son expérience historique, aux leçons retenues dans les  épreuves endurées par les islamistes partout dans le monde et particulièrement son mouvement pendant vingt ans, à tout ce qu’il a appris durant sa longue marche politique et savante  quant aux mécanismes de lutte politique, au sens aigu de l’équilibre des forces et de vision prospective juste des événements ainsi qu’à son autorité morale sur les cadres et les élites de son mouvement pour amener ce dernier  à accepter avec aversion de quitter le pouvoir, ce qui constitue un précédent historique » écrit-il dans une longue tirade.

Pour lui Ghannouchi  n’a pu jouer ce rôle que parce qu’il a refusé, après des décennies de combat politique dur et opiniâtre, d’assumer une  « position d’autorité » et de « rester le gardien loyal de la liberté et de l’unité nationale » dont il fut « l’un des théoriciens dans le camp islamiste ».

« C’est là,  la contribution de trois leaders, pur produit de la société politique tunisienne, qui ont permis à notre pays d’être l’exemple lumineux dans un environnement (régional ) plein d’échecs » conclut-il.

R.B.R.