Les Wahabites et la mémoire de l'eau
«Essabah El Ousbouï» du 7 juillet 2014 a rapporté une prise de position édifiante du cheikh Mohsen Aouaji, un prédicateur saoudien, membre de l’Union des Oulémas Musulmans dont fait partie Rached Ghanouchi qui a été d’ailleurs pressenti comme le futur président de ce quarteron d’enturbannés.
Un citoyen saoudien, féru de natation, a demandé au cheikh Aouaji s’il est permis de se baigner dans un bassin d’eau dans lequel des femmes se sont baignées auparavant, et le cheikh de lui répondre qu’il n’était pas interdit de se baigner dans ce bassin s’il est alimenté par un courant qui renouvelle régulièrement l’eau, par contre cela devient interdit s’il s’agit d’une eau stagnante.
Cela rappelle l’histoire de la « mémoire de l’eau » soulevée en 1988 par Jacques Benveniste, un chercheur français, selon laquelle l’eau garde momentanément une empreinte de certaines propriétés des substances avec lesquelles elle a été mise en contact, même après l’avoir débarrassée de ces dernières. Cette théorie très controversée a été infirmée par plusieurs équipes, car les expériences de M. Benveniste n’ont jamais pu être reproduites, mais elle a reçu le soutien de quelques rares scientifiques dont Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008, qui a trouvé qu’au contact de l’eau certaines bactéries émettent des ondes électromagnétiques que l’eau garde en mémoire même après élimination de ces bactéries.
Pour justifier scientifiquement ses dires, le cheikh Aouaji vous dirait qu’à l’instar de ces bactéries, au contact de l’eau le corps des femmes émet des ondes similaires qui sont emmagasinées par le précieux liquide et risquent d’être détectées pour donner des idées saugrenues aux hommes qui voudraient se rafraîchir en se jetant à l’eau.
Décidément même les théories les plus controversées confirment les prises de position des prédicateurs Wahabites. Tout le monde n’a pas la chance de bénéficier d’une telle bénédiction du Ciel.
Mais il y a des fatwas qui relèvent de la pathologie : ce même Aouaji en a décrété une qui interdit au père de se trouver en tête-à-tête avec sa fille dans un endroit clos, quel que soit l’âge de cette dernière, de peur certainement de susciter des idées malsaines et de passer à l’acte. Cette peur n’est pas l’apanage des Wahabites d’ailleurs, souvenez-vous de la prise de position de notre illustre député Brahim El Gassas sous la coupole du palais du Bardo, dans laquelle il avait soutenu qu’il est malsain que deux agents de la sécurité de sexe différent se retrouvent seuls en patrouille le soir. Décidément cette peur de l’autre sexe et de la tentation de la chair constituent une préoccupation majeure dans l’esprit de certains hommes au point de les pousser à légiférer pour interdire toute situation qui pourrait à leurs yeux la susciter. Ils ont besoin d’un traitement psychanalytique.
Mohamed Jemal