La Tunisie a-t-elle la classe politique qu'elle mérite ?
On s’attendait à ce que l’importance des enjeux et la multiplicité des candidatures allaient nous permettre d’assister à une campagne électorale animée et de haut niveau. Il n’en fut rien. Depuis une semaine, on a droit à une campagne terne et des interventions télévisées d’un ridicule achevé dont les medias font d’ailleurs leurs délices.
Il faut se rendre à l’évidence, les quatre années d’apprentissage de la démocratie n’ont pas permis l’éclosion d’une classe politique de haut niveau. Il est d'ailleurs significatif qu'aucun homme politique d'envergure n'ait pu émerger depuis 2011. Les interventions télévisées qu’on nous fait subir chaque soir à une heure de grande écoute en sont la preuve éclatante. Elles désespèrent les Tunisiens autant qu’elles discréditent la classe politique. Comment sera-t-il possible de construire une démocratie avec des gens qui ânonnent un texte incompréhensible ? Et qu'on ne nous reprenne pas la vieille antienne sur le Tunisien qui n'est pas attiré par la politique pour expliquer le peu d'engouement pour cette campagne. Le Tunisien ne demande qu'à s'y intéresser. Or le spectacle qu'on lui offre chaque soir ne l'y incite pas particulièrement. Il en fait des gorges chaudes, mais au fond, c'est l'inquiétude qui domine chez lui. Comment ne pas l'être en regardant les prestations des candidats ? Avec eux, tous les désespoirs sont permis. Entendons-bien : ce n'est pas une invite au boycottage du scrutin. Il faut aller voter, car dans la médiocrité ambiante, il y a quand même quelques candidats intéressants qui valent le déplacement.